Ce soir-là, on ne voyait qu’elle. Le 14 septembre, au son d’une petite fanfare, alors que l’équipe municipale de Paris inaugurait la transformation d’anciens bureaux du ministère des armées en logements sociaux dans le très chic 7e arrondissement, Rachida Dati (Les Républicains, LR), la maire du secteur, était de tous les selfies. Accolades, larges sourires, un mot pour chacun et photo improvisée au milieu de l’orchestre… Difficile de deviner que ce projet inédit d’insertion de 254 logements sociaux sur ce site exceptionnel, à quelques pas de l’Assemblée nationale, n’avait pas obtenu son soutien, en 2017.
En conseil d’arrondissement, elle avait regretté que l’essentiel des logements ne soit pas affecté aux habitants du 7e, en raison de leurs revenus trop élevés. Citant l’exemple d’une opération comparable de création de logements sociaux sur le site remarquable de l’ancien hôpital Laennec, elle avait déploré devoir « régulièrement y faire la police ». « Lorsque des propriétaires ont acheté leur logement 10 000, 15 000 ou 20 000 euros le mètre carré et qu’un habitant en face jette des choses par-dessus le balcon, ou que les parties communes ne sont pas respectées, les habitants se sentent lésés d’avoir économisé pour se trouver en permanence en conflit », avait encore déclaré Rachida Dati.
Quelques jours plus tard, au Conseil de Paris du mois de décembre 2017, son adjointe, Emmanuelle Dauvergne, votait contre le projet, en raison de ses trop nombreux logements « très sociaux », en s’inquiétant d’« une ghettoïsation d’immeubles entiers au cœur de Paris ». Un programme, disait-elle encore, « qui déstabilisera le quartier, nos écoles et nos commerces ».
« Je vis un rêve éveillé »
Six ans plus tard, dans la cour pavée où courent les enfants des nombreux locataires réunis pour fêter leur emménagement règne une joyeuse ambiance de kermesse. Les cuivres de la fanfare détonnent avec le calme de la rue Saint-Dominique et de ses galeries d’art.
Le ministère des armées avait convenu de réserver une cinquantaine de logements pour ses troupes. Parmi elles, Valérie (toutes les personnes citées par leur prénom ont souhaité rester anonymes), 43 ans, militaire auparavant basée à Lyon, se réjouit de se retrouver dans cet îlot chic, « surtout pour la sécurité, je vais avoir l’esprit tranquille pour mes enfants ».
Restaurateur, venu du Sri Lanka, Kuthubkhan, son épouse et leurs deux enfants ont pu quitter leur T2 dans le parc social du 10e arrondissement pour obtenir un trois-pièces dans un quartier où il s’attend à ce que « les écoles soient meilleures ». Sandrine (le prénom a été changé), victime de violences conjugales depuis plusieurs années, a obtenu un T4 rapidement après avoir déposé son dossier. « Pour moi, c’est une nouvelle vie qui commence, depuis deux semaines, je suis libre, dit-elle. Le quartier est incroyable, on est entouré de monuments. C’est un privilège, et d’ailleurs je n’en demandais pas tant. Je vis un rêve éveillé. »
Il vous reste 75% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
La chronique a été générée aussi sérieusement que possible. Dans la mesure où vous désirez mettre à disposition des renseignements supplémentaires à cet article sur le sujet « Découverte de paris » vous pouvez utiliser les contacts affichés sur notre site web. Le but de aquarelleparis.fr est de débattre de Découverte de paris dans la transparence en vous donnant la visibilité de tout ce qui est mis en ligne sur ce thème sur le net Cet article, qui traite du thème « Découverte de paris », vous est volontairement proposé par aquarelleparis.fr. Connectez-vous sur notre site internet aquarelleparis.fr et nos réseaux sociaux pour être informé des prochaines publications.