Une exposition à Paris révèle pour la première fois le plus grand morceau de tissu d’or antique dans son intégralité

, Une exposition à Paris révèle pour la première fois le plus grand morceau de tissu d’or antique dans son intégralité

Jusqu’au 16 juillet, à l’occasion de l’exposition au musée du quai Branly – Jacques Chirac intitulée « Au fil de l’or. L’art de se vêtir de l’Orient au Soleil-Levant », le vestige antique d’un tissu en fils d’or est présenté pour la première fois dans son intégralité à Paris. Il a été mis au jour en 2022 lors de fouilles coordonnées par l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) et le service archéologique de la ville d’Autun en Saône-et-Loire.

 

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Une fouille archéologique prometteuse

Tout part de la construction d’un pavillon en 2020. Avant le lancement du chantier, l’Inrap demande de mener une fouille préventive sur le terrain situé au même endroit que l’ancienne nécropole de Saint-Pierre-l’Estrier. S’étendant du début du IIIe siècle jusqu’au milieu du Ve siècle, cet immense cimetière est bien connu des archéologues et des historiens. L’évêque Grégoire de Tours en fait mention dès la fin du VIe siècle, au cours d’un pèlerinage sur ce lieu où sont enterrés les premiers chrétiens Autunois.

Vue du site archéologique d'Autun avec, au premier plan, un cercueil en plomb ©Inrap / Christophe Fouquin

Vue du site archéologique d’Autun avec, au premier plan, un cercueil en plomb © Inrap / Christophe Fouquin

Localisée à proximité de l’ancienne église paléochrétienne de Saint-Pierre-l’Estrier, cette zone a aux yeux de l’Inrap un réel potentiel. « Les archéologues pensent à ce moment-là y trouver les tombes des élites gallo-romaines de la région », précise Agathe Mathiaut-Legros, directrice des musées et du patrimoine à la Ville d’Autun et conservatrice en chef. Leurs pronostics s’avèrent justes. Un grand nombre de tombes renferment de coûteux sarcophages en pierre et des cercueils en plomb. Un luxe que seuls les fortunés pouvaient s’offrir. Les archéologues recueillent en leur sein des objets précieux comme des bijoux en or, des épingles en jais et en ambre, et un exceptionnel vase diatrète, sculpté dans un bloc de verre. « Ces découvertes sont d’autant plus rares que le mobilier funéraire était moins conséquent à la fin de l’Antiquité et moins important pour les chrétiens », ajoute Agathe Mathiaut-Legros.

La découverte du tissu d’or

Parmi les 230 tombes dégagées, la tombe 47 renferme les « rarissimes » fragments d’un tissu d’or datant du IVe siècle, dernier vestige d’une étoffe teintée de pourpre sur laquelle étaient tissées des bandes de fils d’or, qui recouvrait initialement toute la superficie d’un cercueil en plomb. Le caractère exceptionnel de cette découverte tient à la noblesse du métal mais également à la qualité du tissu.

Vue sur la tombe 47 et son cercueil de plomb rempli sur une quinzaine de centimètres de terre avant le prélèvement des mottes contenant le tissu d’or © Inrap / Carole Fossurier

Vue sur la tombe 47 et son cercueil de plomb rempli sur une quinzaine de centimètres de terre avant le prélèvement des mottes contenant le tissu d’or © Inrap / Carole Fossurier

Ce dernier était constitué d’un noyau en textile autour duquel s’enroulaient des lamelles d’or de 300 microns de large (0,3 millimètre). Certains échantillons ont des portions avec 100 fils par centimètre (soit 0,1 millimètre par fil), et l’ensemble dessine des motifs de feuilles. Cet ouvrage s’apparente donc à un travail d’orfèvre qui a dû mobiliser les plus éminents artisans durant un long moment. La spécialiste des textiles anciens Fabienne Médard a même fait part de son admiration, « je ne sais pas comment on peut faire pour enrouler un fil d’or avec autant de précision sans l’écraser ».

Un long processus de conservation

Les fils d’or étant incrustés dans une terre fine et argileuse dont il est impossible de les extraire, les archéologues ont d’abord rapidement découpé des mottes de terre afin d’éviter le développement de moisissures et la dégradation des fibres textiles. Puis, dans un second temps, ils les ont lentement fait sécher pendant un an, afin d’éviter tout choc thermique. À l’issue de cette période, des spécialistes des textiles ont délicatement dégagé le tissu.

Vue du tissu d'or recomposé © Connaissance des Arts / Lucien Chancel

Vue du tissu d’or recomposé présenté dans l’exposition « Au fil de l’or. L’art de se vêtir de l’Orient au Soleil-Levant » au musée du quai Branly-Jacques Chirac. © Connaissance des Arts / Lucien Chancel

En parallèle, l’Inrap a beaucoup communiqué autour de cette découverte pour attirer l’attention du public et de potentiels mécènes. Cet effort s’est avéré payant. Une première vague de financements publics et privés a permis d’aller au bout du processus de conservation pour une partie des vestiges du tissu d’or. Après avoir été présentés au musée Rolin d’Autun pour l’exposition « D’un monde à l’autre, Augustodunum de l’Antiquité au Moyen Âge » à l’été 2022, des fonds complémentaires ont donné les moyens à l’Inrap de poursuivre leurs efforts sur l’ensemble des mottes.

Vue d'un fragment du tissu d'Autun © Connaissance des Arts / Lucien Chancel

Détail d’un fragment du tissu d’Autun présenté dans l’exposition « Au fil de l’or. L’art de se vêtir de l’Orient au Soleil-Levant » au musée du quai Branly-Jacques Chirac. © Connaissance des Arts / Lucien Chancel

Enfin montré au grand public

Consécration de cet effort collectif, les commissaires de l’exposition « Au fil de l’or », Hana Al Banna – Chidiac et Magali An Berthon, ont sollicité l’Inrap pour exposer pour la première fois au grand public l’ensemble des fragments. Intégrés au début du parcours, ils mettent en évidence l’intérêt millénaire ainsi que l’ancienneté des compétences en Europe en termes de techniques d’ornementation en or.

Motte de terre laissant apparaitre le tissage © F. Médard, Denis Gliksman, Inrap

Motte de terre laissant apparaitre le tissage © Inrap / F. Médard / Denis Gliksman

À l’issue de cette exposition, le tissu retournera dans la collection du musée d’Autun pour être stocké dans les réserves, en attendant la fin de l’extension du musée prévue pour 2028. Agathe Mathiaut-Legros a cependant affirmé son envie de trouver un moyen de le présenter au plus tôt, soit au cours d’une potentielle exposition temporaire, soit au travers d’un prêt. « Certaines institutions nous ont déjà fait part de leur intérêt ». Le voyage du tissu d’or est loin d’être terminé.

« Au fil de l’or. L’art de se vêtir de l’Orient au Soleil-Levant »
musée du quai Branly-Jacques Chirac
37, quai Branly, 206 et 218 rue de l’Université 75007 Paris
jusqu’au 6 juillet 2025


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