Le diocèse de Paris s’apprête à détruire le monastère de la Visitation, qui occupe une grande parcelle plantée au cœur du 6e arrondissement de Paris. Malgré le recours de sept associations de défense du patrimoine, le permis de démolir a été délivré par la Ville de Paris. Sur place, les travaux de curage (dépose des plâtres à l’intérieur du couvent) ont commencé le 27 septembre. Contacté par Le Point, le chef de chantier n’est pas en mesure de donner la date à laquelle les pelleteuses débouleront. Elles ne devraient pas tarder.
Cela fait près de dix ans que l’évêché envisage de lôtir ce terrain de près de 4 000 mètres carrés encadré par les rues du Cherche-Midi et de Vaugirard. En 2010, la congrégation ne comptant plus que cinq religieuses d’un âge avancé, le président de l’association immobilière du diocèse avait décidé la création sur place de résidences pour étudiants, jeunes cadres et personnes en difficulté.
Ce projet nécessite aujourd’hui la destruction de la plupart des édifices existants. Or, la parcelle compte, outre un magnifique jardin, des bâtiments d’intérêt. À commencer par un hôtel particulier du XVIIIe siècle qui servit de pavillon de chasse à la famille de Clermont-Tonnerre et qui, acquis par les religieuses de l’ordre de la Visitation en 1819, a été agrandi cinquante ans plus tard pour accueillir un pensionnat. Subsistent encore des ferronneries et boiseries d’origine.
« Après la fermeture de l’établissement scolaire en 1884, la propriété a abrité l’une des dernières fermes urbaines de la capitale, dotée notamment d’une vacherie car les sœurs Visitandines étant cloîtrées, elles devaient vivre en autarcie », expose Julien Lacaze, président de l’association Sites et Monuments qui bataille pour préserver ce patrimoine.
Préserver les jardins
Le programme immobilier prévoit qu’une chapelle, un poulailler de 1886, une boulangerie de 1889 et une blanchisserie de 1897 doivent prochainement laisser la place à de grands immeubles qui priveront les bâtiments voisins de soleil. Habitant de l’autre côté du mur, l’acteur Gérard Depardieu a tenté de bloquer le projet. En vain. Ce sont surtout les jardins que voudraient préserver les associations de défense du patrimoine qui se sont jointes à l’action en justice du comédien.
À LIRE AUSSI Secrets de Paris – Dans l’atelier de restauration des tableaux de Notre-Dame « Il y aurait la possibilité de faire comme avec le jardin Catherine-Labouré, rue de Babylone, un grand espace planté, qui préserverait ce poumon vert au cœur de la capitale », insiste Julien Lacaze, qui a demandé à la mairie et au ministère de la Culture de se mobiliser sur ce dossier. Là encore en vain. « En reliant le jardin du couvent de la Visitation à celui des Lazaristes juste derrière, on pourrait proposer aux piétons un itinéraire de promenade plaisant », poursuit-il.
Malgré la mobilisation des élus écologistes de l’arrondissement, emmenés par Antoinette Kis, la démolition du monastère semble inéluctable. La construction d’un immeuble de sept étages, doté d’un équipement dedié à la petite enfance (côté rue de Vaugirard), d’une résidence de six étages pour personnes handicapées (côté rue du Cherche-Midi) et de deux bâtiments d’habitation (41 logements au total) devrait conduire à une diminution considérable de la taille du jardin existant. « Le square annoncé n’aura rien à voir avec le parc actuel, les rues de Vaugirard et du Cherche-Midi vont ressembler encore plus qu’avant à un canyon de béton. D’autant que le rythme des ouvertures prévues pour les façades ne répond en rien à celui des autres bâtiments du secteur », regrette Julien Lacaze.
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