Un architecte de Notre-Dame de Paris pour sauver une église du Val-d’Oise

, Un architecte de Notre-Dame de Paris pour sauver une église du Val-d’Oise
, Un architecte de Notre-Dame de Paris pour sauver une église du Val-d’Oise

La commune de Santeuil a choisi le cabinet d’architectes Covalence pour conduire le chantier de restauration de son église actuellement fermée aux fidèles. Son choix s’est porté sur cette agence parisienne qui compte 35 architectes, dont Rémi Fromont qui a appuyé une thèse sur l’église de Santeuil. « C’était en 2016, dans le cadre du concours d’accès au titre d’architecte en chef des monuments historiques (Acmh). Après la phase des écrits et des oraux, il y avait aussi le Projet de relevé et de restauration sur un édifice. Au tirage au sort, je suis tombé sur le sujet de l’église de Santeuil », rapporte-t-il.

Il figure désormais parmi les 42 architectes nationaux et a, entre autres monuments, en charge les cathédrales de Bourges (Cher) et de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme).

La forêt de Notre-Dame

En 2014, il avait marqué son passage à l’école de Chaillot (qui forme les experts de la restauration d’édifices historiques) par un relevé détaillé de la charpente médiévale de Notre-Dame de Paris. L’initiative est venue de lui. « Lors d’une visite avec Benjamin Mouton (ex-architecte en chef de Notre-Dame), j’ai appris qu’aucun plan de la charpente n’avait été réalisé depuis la construction de la cathédrale. J’ai proposé ce relevé exhaustif », rapporte-t-il. Un exercice partagé avec son désormais associé Frédéric Trentesaux. Des plans dessinés à la main. 2 000 pièces de bois à retranscrire sur une trentaine de feuilles format A3. « Un an de travail, une journée par semaine ». L’étude s’est avérée précieuse et déterminante après l’incendie de la cathédrale, le 15 avril 2019. « Un clin d’œil de la providence », commentera Philippe Jost, président de l’établissement public Rebâtir Notre-Dame de Paris. Rémi Fromont figurera dans l’équipe de reconstruction du premier monument de France. C’est évidemment à lui que l’on confiera la restitution des charpentes. Qualifiées d’authentiques parce que refaites avec les mêmes méthodes qu’au XIIIe siècle. En décembre 2024, il recevait la visite d’Emmanuel Macron lors de l’inauguration de l’édifice réparé. Le président de la République l’a décoré de la Légion d’honneur pour sa contribution à la restauration. C’est cet architecte du patrimoine de 47 ans qu’une trentaine d’habitants de Santeuil sont venus écouter, lundi 19 mai, lors de la réunion de présentation du programme de restauration de l’église Saint-Pierre-Saint-Paul. Un premier diagnostic de son état a été réalisé en 2022 et un compte rendu a été présenté aux habitants par Rémi Fromont.

Croisée d’ogives

Dix ans après sa thèse, l’architecte du patrimoine revient se pencher sur le monument du village de 660 habitants. Il y retrouve un lieu en lien entre l’église du Vexin et la cathédrale de Paris. « Elle a une croisée d’ogives de la même époque que Notre-Dame », confie-t-il en évoquant l’architecture de l’édifice qui comporte une partie romane (1140-1180) et une autre gothique (1230-1250). « On est exactement dans le même style que Paris. Historiquement, c’est contemporain de Notre-Dame. L’église de Santeuil était vraisemblablement rattachée au même chapitre (ordre ou congrégation religieuse). Il y a des similitudes entre les deux églises », soutient-il.

On est vraiment dans une grande architecture gothique, très bien composée.

« La vue intérieure de Santeuil a les mêmes aspects que Notre-Dame. Les chapiteaux sont stylistiquement assez proches, les colonnes aussi et la composition avec une grande arcade, un triforium, une baie haute se rapproche de Notre-Dame. Ça veut dire que le maître d’œuvre de Santeuil n’est pas n’importe qui. On n’est pas dans la petite église, un peu faite à la manière de. Là, on est vraiment dans une grande architecture gothique, très bien composée», appuie l’architecte du patrimoine.

Vidéos : en ce moment sur Actu

Le chef-d’œuvre historique a pourtant souffert depuis la Révolution. Il n’a pas été entretenu pendant plus d’un siècle et le temps a marqué le monument municipal. Une première campagne débute à la fin du XIXe siècle. « Des modifications assez importantes sont réalisées, notamment, les piles de la nef. Une opération a constitué à soulever l’église, avec une mise sur cintre pour l’étayer. On a remplacé les pierres pour les changer, car elles étaient complètement bouffées. Or, aujourd’hui, ces pierres posent problème », explique Rémi Fromont. L’intervention de l’homme n’a pas eu que du bon. « Au XVIIe siècle, des ouvertures vers l’autel ont été percées depuis le transept. Des passages directs qui ont été rebouchés au début du XXe siècle avec des pierres de moins bonne qualité et avec des matériaux, notamment du ciment qui est très mauvais pour les maçonneries anciennes », déplore l’expert.

La sacristie à supprimer

Des prospections ont été faites dans et autour de l’église. « Les fondations ne sont pas trop mauvaises », rassure le professionnel. Le sujet le plus préoccupant c’est l’infiltration d’eau. « L’eau percole depuis le sol et remonte dans les maçonneries. Jusqu’à 2,5 mètres de haut dans les pierres », a relevé l’architecte. Un dispositif de drainage va être fait autour de l’église, qui permettra aussi de recevoir les eaux de pluie de la toiture, très endommagée aussi.

Des éléments de l’église posent également problème. C’est le cas de la sacristie. « Elle est complètement désorganisée parce qu’elle est mal fondée. Elle est en train de se désolidariser de l’église », observe-t-il. Le choix a été fait de la supprimer. Il n’y a plus d’office dans l’église. Ça va redonner de l’allure au monument. Autre partie à reprendre, le beffroi. « Il y a un pourrissement du bois. On ne peut plus lancer les cloches parce que l’on risque d’ébranler l’ensemble du beffroi », prévient Rémi Fromont.

Un chantier qui va s’étaler dans le temps. Marqué par « des travaux sur les sols, sur les couvertures et forcément sur les charpentes, mais aussi au niveau des libages, ces grandes pierres endommagées. »

Les travaux sont évalués à 6 M€ et seraient financés « à 90 % », annonce Florent Ambrosino, le maire de Santeuil. Les 10 % restants seraient couverts par un prêt de la commune.

Le lancement du chantier est prévu pour 2026. Le beffroi devrait faire l’objet d’une intervention dès cette année.

Suivez toute l’actualité de vos villes et médias favoris en vous inscrivant à Mon Actu.

La chronique a été générée aussi sérieusement que possible. Dans la mesure où vous désirez mettre à disposition des renseignements supplémentaires à cet article sur le sujet « Découverte de paris » vous pouvez utiliser les contacts affichés sur notre site web. Le but de aquarelleparis.fr est de débattre de Découverte de paris dans la transparence en vous donnant la visibilité de tout ce qui est mis en ligne sur ce thème sur le net Cet article, qui traite du thème « Découverte de paris », vous est volontairement proposé par aquarelleparis.fr. Connectez-vous sur notre site internet aquarelleparis.fr et nos réseaux sociaux pour être informé des prochaines publications.