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Plus de six ans qu’Alain Fontaine et son association Bistrots et cafés de France attendaient cela. « Les pratiques sociales et culturelles dans les Bistrots et Cafés en France » ont été officiellement inscrits fin septembre 2024 à l’inventaire du patrimoine culturel immatériel en France. Une étape décisive sur la route qui doit aboutir à l’inscription des bistrots et cafés français au patrimoine culturel immatériel mondial. Rien de moins !
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« C’est une grande satisfaction d’avoir fédéré toute une communauté d’intellectuels, d’artistes, de professionnels et de simples habitués autour de ces lieux essentiels dans la vie des Français, mais aussi d’avoir convaincu le ministère de la Culture de la nécessité de préserver ce patrimoine et d’en assurer la transmission », réagit le président de l’association, également patron du bistrot Mesturet, dans le 2e arrondissement de Paris.
Patrimoine en danger
Car le petit monde du bistrot « à la française », avec son comptoir, son patron ou sa patronne hauts en couleur, ses serveurs qui assurent l’ambiance et ses clients habitués ou occasionnels, constituent bel et bien un patrimoine en danger.
« L’existence des bistrots familiaux est clairement menacée », observe Alain Fontaine. « En 80 ans, le nombre de bistrots et cafés en France est passé de 400 000 à moins de 40 000 l’année dernière, soit une moyenne d’à peine un établissement par commune. Et la déprise se poursuit lentement ».
Une évolution inquiétante pour nombre de villages où ils sont l’un des derniers lieux de socialisation ou pour les centres-villes où ils perpétuent contre vents et marées un certain art de vivre à la française sur fond de restauration rapide.
Un rouage essentiel de la vie sociale
La fiche « d’inventaire » classe le bistrot comme un rouage essentiel de la vie sociale et culturelle des Français « où les habitants peuvent s’informer, consommer, se restaurer, et surtout se retrouver et se connaître ».
Si l’on pense souvent, quand l’on évoque les bistrots, aux nappes à carreau ou aux chaises en rotin, le comité du Patrimoine ethnologique et immatériel du ministère de la Culture insiste sur la convivialité « liée à la mixité sociale » ou encore sur les nombreuses activités sociales ou culturelles dont les bistros et cafés sont souvent le théâtre : conférences, expositions, rencontres, ateliers, animations, fêtes, etc., loin de l’anonymat des grandes enseignes ou des centres commerciaux.
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On vient de loin respirer l’ambiance du bistrot
Les défenseurs des bistrots et cafés, réunis dans leur association créée en 2018, comptent s’appuyer sur ce classement pour participer à des « mesures de sauvegarde ». « La Course des Cafés, anciennement Course des Garçons de Café a ainsi été relancée cette année après douze ans d’absence », signale Alain Fontaine.
« Mais nous comptons aussi lancer différentes initiatives comme une Journée nationale des bistrots et cafés, des actions de sensibilisation des jeunes aux métiers des bistrots dans les établissements de formation de restauration ou encore une Exposition patrimoniale grand public dans un lieu prestigieux. Il faut que les gens soient fiers de travailler dans ces lieux ».
Forte de ce classement, l’association, qui a reçu le soutien de comédiens comme Pierre Arditi, Jean-Pierre Darroussin, Yolande Moreau ou François Morel, compte bien porter son dossier jusqu’à l’Unesco. « La reconnaissance au niveau international serait un aboutissement naturel », assure Alain Fontaine. « Quand on vient du bout du monde visiter Paris, c’est pour ses musées et ses monuments, mais on espère vivre aussi un moment comme un Français à la table d’un café. Je suis bien placé pour vous le dire, je reçois toutes les nationalités dans mon établissement ! »
Bruno CARLHIAN
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