La Cité de l’architecture et du patrimoine, la salle Firmin Gémier du Théâtre national de Chaillot, le musée de l’Homme… Toutes les institutions culturelles du Trocadéro avaient fait l’objet d’une rénovation au cours des vingt dernières années, sauf une : le Musée national de la Marine. Installé depuis 1943 dans une partie de l’aile ouest du palais de Chaillot et fermé depuis 2017, il rouvre ses portes le 17 novembre prochain, au terme d’un vaste chantier patrimonial, architectural et muséographique. L’idée de lui redonner vie ne date pas d’hier. Plusieurs projets furent envisagés, souvent abandonnés pour des raisons budgétaires.

Des projets successifs

En 2015, le ministère de la Défense – dont dépend alors le musée – donne son feu vert et Vincent Campredon, en tant que directeur, est chargé de concevoir « un grand musée du XXIe siècle, qui puisse transmettre au public le goût de la mer et la conscience des enjeux qui la traversent ». À l’issue d’un concours international lancé en 2017, les agences h2o architectes et Snøhetta Studio Paris sont retenues pour inscrire, ensemble, un projet architectural contemporain dans un bâtiment qui, à l’exception de quelques interventions ponctuelles de remises aux normes, était resté « dans son jus ». Côté Monuments historiques, les travaux de restauration se sont déroulés sous l’œil des architectes en chef Lionel Dubois (études préalables et début du chantier) et Pierre Bortolussi (à partir de 2021).

Un palais, deux époques

Le palais de Chaillot garde la mémoire de deux époques, savamment imbriquées dans son architecture. En vue de l’Exposition universelle de 1937, Jacques Carlu, Louis-Hippolyte Boileau et Léon Azéma transforment l’ancien palais du Trocadéro, construit en 1878 par Gabriel Davioud et Jules Bourdais dans un style néo-byzantin. En large partie détruit, celui-ci a conservé ses ailes en arcs de cercle, que Carlu et ses acolytes agrandissent en doublant l’épaisseur de la grande galerie, côté Seine. « Il ne leur faudra que dix-huit mois pour transformer le lieu, avec un matériau encore peu utilisé à l’époque. La construction en béton de Carlu, Boileau et Azéma, qui allie maîtrise, innovation et esthétique, n’a rien à envier à l’architecture d’aujourd’hui », souligne Pierre Bortolussi.

La structure du bâtiment était restée en bon état. À l’intérieur, l’objectif était de restituer les volumes originels pour retrouver l’harmonie d’ensemble. La première étape du chantier a consisté à nettoyer et déposer les grandes coques en staff installées dans les années 1940, qui masquaient la verrière de la galerie principale. Avec un invité surprise : le plomb, qui s’était infiltré dans les moindres recoins. Une fois les lieux dépollués, les menuiseries ont été consolidées, certaines fenêtres remplacées, des verres anti-UV installés.

Il fallait revaloriser la grande courbe, qui constitue la ligne de force du bâtiment, entre le pavillon de tête et le pavillon d’About, à l’autre extrémité. « Dans l’ancien musée, on perdait les notions de hauteur et de transparence, la lecture des espaces était rendue difficile. Or, il y a dans la conception même de l’édifice une fluidité visuelle qui est monumentale », poursuit l’architecte en chef des Monuments historiques.

L’un des enjeux du chantier était de retrouver la lumière naturelle. Dans le pavillon d’About, les ouvertures étaient obstruées. Débouchées, elles offrent aujourd’hui une vue imprenable sur la ville. Des sondages sur la coupole qui coiffe le pavillon ont montré qu’un décor, de l’époque de Carlu, était conservé. « Il avait été recouvert de peinture. La question s’est posée de le remettre au jour et de le restaurer. Cette option n’a pas été retenue. Je le regrette, mais cela se fera peut-être plus tard », explique Pierre Bortolussi.

Un nouveau circuit de visite

Volume, lumière, fluidité, tels étaient les mots d‘ordre du projet de h2o architectes et Snøhetta Studio Paris. « Nous voulions mettre en valeur le lieu dans son état le plus pur, souligner l’existant par des rajouts fonctionnels, comme les mezzanines que nous avons créées », explique Oliver Page, directeur général de Snøhetta Studio Paris.

En rouvrant des espaces qui avaient été cloisonnés, les architectes ont rendu au bâtiment ses belles proportions de 1937. « Nous avons créé trois oculi qui avaient été dessinés en 1937 par l’architecte Carlu sans qu’il les ait réalisés, assurant ponctuation, apport de lumière naturelle et vue dans la galerie Davioud. Nous avons également rouvert un ancien escalier qui avait été bouché en 1937, ce qui a permis de créer une nouvelle circulation avec le sous-sol pour proposer un circuit de visite en boucle », poursuit Antoine Santiard, architecte associé chez h2o architectes.

Les deux chantiers, patrimonial et architectural, ont été menés de façon concomitante. « L’architecte en chef des Monuments historiques est un intervenant parmi d’autres, précise Pierre Bortolussi. Il est là pour accompagner les interventions sur le bâti : les façades, les toitures, les menuiseries, les sols… h2o architectes et Snøhetta Studio Paris ont parfaitement compris l’édifice. Nous avons travaillé en dialogue, principalement sur des questions techniques, des ajustements qui, au final, sont invisibles du public. »

À l’extérieur, un nouvel accès pour les œuvres a été aménagé côté Trocadéro, et les terrasses ont été restaurées. Depuis août 2023, des travaux sont engagés sur les revêtements de façade du bâtiment, pour garantir la stabilité des dalles de parement, fragilisées par certaines agrafes en laiton qui ont cédé. Une opération délicate, qui marque l’ultime étape de l’ambitieux programme de rénovation du palais de Chaillot.

---

Musée national de la Marine, Paris
Réouverture le 17 novembre 2023

Le retour des premières oeuvres au palais de Chaillot / Episode 4/ Saison 3

La chronique a été générée aussi sérieusement que possible. Dans la mesure où vous désirez mettre à disposition des renseignements supplémentaires à cet article sur le sujet « Découverte de paris » vous pouvez utiliser les contacts affichés sur notre site web. Le but de aquarelleparis.fr est de débattre de Découverte de paris dans la transparence en vous donnant la visibilité de tout ce qui est mis en ligne sur ce thème sur le net Cet article, qui traite du thème « Découverte de paris », vous est volontairement proposé par aquarelleparis.fr. Connectez-vous sur notre site internet aquarelleparis.fr et nos réseaux sociaux pour être informé des prochaines publications.