Notre-Dame de Paris est une œuvre commune. Il en fut ainsi dès l’élan premier de l’édifice, mais le chantier du siècle voué à sa rénovation l’a rappelé jour après jour depuis cinq ans, en ravivant l’attention portée à l’excellence des métiers d’art. Il en va de même de l’autre chantier du siècle, dédié à l’ameublement intérieur… Nul ne vise ici le « geste contemporain » qui fascine ou agace, nul n’« intervient » en solo. La « lourde nef » chère à Charles Péguy, allégée et élancée dans la blondeur retrouvée des pierres, édicte sans parole sa loi d’humilité.
Volumes sobres et matériaux intemporels pour le mobilier liturgique
Le dialogue est avec les siècles. La splendeur passée requiert de toute œuvre présente une puissance propre égale à sa capacité d’intégration. Guillaume Bardet, auteur du mobilier liturgique destiné à remplacer l’autel et l’ambon ruinés par l’effondrement de la croisée, a ainsi voulu créer « un ensemble qui saurait vivre au sein de Notre-Dame sans se cacher, mais sans non plus crier ». « J’ai fait un travail autour de l’immuable. Ce qui m’intéresse est d’essayer que mes pièces puissent exister à toute époque. J’aime l’idée qu’elles soient à même d’embrasser le passé et d’accueillir le futur », confie le designer et sculpteur, diplômé de l’École nationale des Arts décoratifs de Paris.
L’artiste oppose l’horizontalité soulignée du plateau -qui renvoie à la Cène – en évidant la partie inférieure du cube. De la matière, qui suggère un sentiment de puissance, surgit ainsi son contraire : l’idée de légèreté, fragilité, d’élévation et d’envol sans disparaître ou tendre à trop s’affirmer. Planté sur son socle de pierre, l’ambon de bronze s’affirme délibérément comme un livre ouvert, le support de la parole divine. Avec la cathèdre, le siège dévolu à l’évêque qui a donné son nom à la cathédrale, il convenait d’associer la simplicité d’un pliant à la romaine -la curule-, qui sert de base aux différents sièges, à l’exceptionnalité d’une forme qui s’apparente au trône. Il se trouve ainsi doté d’un voile de bronze, haut dossier qui le singularise et le rapproche symboliquement du ciel avec cette croix qui se détache par le traitement du bronze poli.
Enfin, le tabernacle, placé sur l’ancien autel de Viollet-le-Duc, tranche volontairement par ses formes élémentaires lorsqu’il est fermé. Par la sobriété de ses volumes et le choix d’un matériau intemporel – un bronze foncé, couleur acajou – qui contraste avec la pierre blonde du monument, mais résonne avec la couleur des stalles du XVIIIe siècle, le mobilier de Guillaume Bardet s’inscrit harmonieusement dans l’architecture, en composant un ensemble cohérent.
Des chaises légères qui font écho aux vitraux
En ce qui concerne la conception des nouvelles assises prévues pour la nef, le projet retenu est celui proposé par Ionna Vautrin (née en 1979). « J’avais fixé trois critères, rappelle Mgr Ulrich. D’abord, que les chaises de Notre-Dame soient visibles, pour manifester à tous la présence permanente d’une communauté recueillie en prière et prête à accueillir. Dans le même temps, j’ai voulu que ces chaises soient discrètes ; enfin, et ce n’est pas un détail, qu’elles soient confortables. » La designeuse, qui a obtenu le prix de la Création de la Ville de Paris en 2011, a imaginé un modèle bas, à barreaux, qui peut également être utilisé en prie-Dieu.
« Ma première approche a été d’observer tous les éléments de la cathédrale, l’enchaînement de ses colonnes, de ses arches. Le dessin s’inspire de ce rythme presque 6 7 musical. M’est venue l’idée d’une chaise légère, ajourée, qui crée un effet de transparence en écho aux vitraux », explique la créatrice. En chêne massif, les 1500 exemplaires sont fabriqués par l’entreprise familiale Bosc, implantée dans les Landes depuis près d’un demi-siècle. « Ionna Vautrin a réussi le pari de répondre à un cahier des charges très exigeant. Les chaises de Notre-Dame doivent être robustes et d’un encombrement limité, facilement transportables », souligne Christopher Miles.
Un majestueux reliquaire pour la Sainte-Couronne
Dans la chapelle axiale, la ferveur renouvelée envers les insignes de la Passion du Christ a inspiré à Sylvain Dubuisson un majestueux reliquaire qui auréole la Sainte-Couronne de cabochons de verre à fond d’or, au centre d’une claie de bois sertie d’épines de bronze – ample vitrine offerte à la dévotion qui veut voir, et même, peut toucher.
L’auréole faite de cabochons de verre doré qui contient en son centre la relique semble en apesanteur : la Couronne devient omniprésente à force de paraître immatérielle. L’ensemble est adossé à une vaste claie en bois ajourée d’un décor d’épines en bronze qui laisse passer la lumière colorée du vitrail : en juxtaposant ainsi ce qui est montré et caché, l’infiniment petit et l’infiniment grand, Sylvain Dubuisson rappelle à quel point l’aura de cette relique insigne est par nature incommensurable.
Une concertation entre artisans, créateurs et institutions
Le dialogue, encore, est permanent entre le diocèse de Paris affectataire et les instances de l’État : établissement public Rebâtir Notre-Dame de Paris, Architectes en chef, Patrimoine, Création artistique, Affaires culturelles, Inspection des Monuments, sont parties prenantes des comités artistiques qui accompagnent les commandes. Si les vitraux de la Pentecôte promis aux chapelles du collatéral sud sont indéniablement objet de discussions serrées, dans le collatéral nord la commande d’une tenture de 7 tapisseries illustrant l’Ancien Testament est menée en partenariat fructueux avec le Mobilier national.
Aucune œuvre dont l’écho ne se répercute… Bardet sculpte des vases sacrés en accord avec son mobilier, Vautrin décline prie-Dieu et bancs pour les chapelles, Dubuisson tire une crosse épiscopale d’un bois sauvé de l’antique charpente. Cela même qu’on ne verra pas ne se fait pas oublier sans art : nouvelle scénographie, nouvelle signalétique, nouvelle mise en lumière, enfin, rendue sensible aux heures du jour et de la liturgie — où la pointe de la technologie rejoint l’intuition gothique initiale. Aujourd’hui comme hier, Notre-Dame est une œuvre totale.
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