Quel rapport avez-vous avec l’édifice ?

Christine Jablonski, conservatrice régionale des Monuments historiques : « Je connais la chapelle du Yaudet de longue date et son environnement archéologique. Parce que je me suis occupée de l’étude en vue de la restauration du retable classé. Quand j’ai appris que la chapelle avait été très impactée par la tempête Ciaran, j’ai appelé le maire. J’étais inquiète : la couverture étant arrachée, il risquait d’y avoir des infiltrations d’eau qui pouvaient atteindre le retable. On a convenu avec le maire de le faire démonter ; on a anticipé la phase de travaux. La chapelle elle-même n’est pas très ancienne. Mais elle prend la place d’édifices plus anciens. C’est cet historique-là que l’on peut prendre en compte dans le cadre d’une protection au titre des Monuments historiques. J’ai encouragé le maire à faire la demande, qui a été effectuée le 27 septembre 2024.

Comment obtient-on une protection au titre des Monuments historiques ?

Il existe deux niveaux de protection. Le premier niveau, c’est l’inscription. On examine des édifices qui ont un intérêt régional voire interrégional. Le deuxième niveau, le plus fort, c’est le classement qui concerne des édifices de niveau national voire international (comme le Parlement de Bretagne). Ce n’est pas moi qui délivre la protection. Mais mon service va rassembler les éléments qui vont permettre d’éclairer la commission régionale du patrimoine et de l’architecture. Celle-ci se réunit trois à quatre fois par an pour les monuments. Notre service présente le dossier, propose une protection. Et c’est la commission qui va voter pour ou contre, et proposer au préfet de Région de signer l’arrêté d’inscription. Si la commission pense que l’édifice a un intérêt pour être protégé nationalement, on demande le classement. Le dossier part à Paris à la commission nationale du patrimoine et de l’architecture. Puis c’est le ministre de la Culture qui décide de signer l’arrêté de classement.

À quoi la commune peut-elle prétendre pour la chapelle du Yaudet ?

Pour la chapelle, on n’a pas encore fait le dossier. De ce que je connais de l’édifice, je pense que ce sera plutôt une inscription. Mais je ne peux pas me prononcer à la place de la commission. On devrait présenter le dossier en 2025. On va essayer de le faire le plus rapidement. Le délai d’instruction moyen est de trois ans. La protection au titre des Monuments historiques, c’est pour tout le temps. C’est un acte juridique qui est inscrit dans les documents d’urbanisme. En France, quand on protège un monument, leur écrin est aussi protégé.

À quoi sert cette protection à la commune ?

Elle reconnaît l’intérêt historique et patrimonial de l’édifice. L’État participe au financement des travaux liés à la restauration des Monuments historiques. Cela va permettre à la commune de faire les choses dans le bon ordre. On a une méthodologie de diagnostic de l’édifice, de validation des études. Et on va pouvoir aider la collectivité financièrement. Pour les Monuments historiques inscrits, la fourchette de financement des travaux va entre 10 et 40 %. La Région peut subventionner. Et il y a aussi les aides par des souscriptions publiques.