La construction de Notre-Dame commence en 1163 par la partie orientale, celle du chevet. Ce n’est qu’autour de 1200, sous l’épiscopat d’Eudes de Sully (1197-1208), que débute l’élévation de la façade, laquelle se poursuit jusqu’en 1250 avec l’achèvement de la tour nord. Jalon essentiel dans l’essor de l’architecture gothique, elle offre, après une première génération d’édifices à Sens, Senlis ou Noyon, un exemple canonique de façade dite harmonique.
Une harmonie des décors
Mise au point en Normandie vers le milieu du XIe siècle, la façade dite harmonique se présente comme un rectangle divisé en trois parties, marquées chacune par un portail. Les deux parties latérales, moins larges, sont coiffées de tours, symétriques dans l’idéal. Cette mesure à trois temps, à l’horizontale, se répète à la verticale. Le premier niveau est constitué par les trois portails, surmontés d’une galerie des rois, innovation architecturale à mettre au crédit des bâtisseurs de Notre-Dame. Au deuxième niveau vient une grande rose, entourée de deux larges baies géminées ; enfin, une galerie de colonnettes occupe le troisième étage. Les quatre puissants contreforts des tours assurent la liaison visuelle entre ces différentes parties.
Un langage encore très stylisé
Le portail Sainte-Anne, côté sud, est le plus ancien des trois, un constat qui s’entend de deux manières. Non seulement il est le premier posé sur la façade au début du XIIIe siècle, mais une bonne partie de ses sculptures se révèle bien antérieure à cette date. En effet, le tympan (l’espace triangulaire situé au-dessus du linteau, lui-même placé horizontalement au-dessus du portail) et le linteau supérieur parlent un langage encore très stylisé, qui a conduit à les dater vers 1150. Ils étaient certainement destinés, à l’origine, à un autre édifice, soit l’ancienne église Notre-Dame, soit une autre église de l’île de la Cité, détruite lors de l’édification de la cathédrale.
Pour les adapter à leur nouvel écrin, des sculptures complémentaires sont réalisées, au début du XIIIe siècle, notamment dans les voussures où trente-huit nouveaux voussoirs s’ajoutent aux vingt-trois préexistants. Cette hypothèse du remploi a été confortée par la découverte en 1977 d’un important fragment de la statue de saint Paul, originellement située à l’ébrasement sud (partie en biais dans l’épaisseur du mur). Celle-ci portait au dos des traces indiquant qu’elle avait été retaillée en vue d’un remontage. Avec leur caractère assez hiératique et les plis très graphiques des vêtements, les restes de sculptures provenant des piédroits et du trumeau (pan de mur entre les deux portes du portail) appartiennent de plein droit au premier gothique.
Le portail achevé
Une fois achevé, le portail se compose classiquement d’un tympan sculpté, où trône la Vierge à l’enfant, surmontant deux linteaux historiés. Sur le registre supérieur sont représentées des scènes de la vie de Marie et de l’enfance du Christ, sur le registre inférieur, des scènes du mariage de la Vierge et de l’histoire de ses parents, Anne et Joachim. Sur la partie nord de la façade, le culte marial se trouve également célébré avec faste au portail dit du Couronnement de la Vierge. Au tympan, la Vierge est couronnée par le Christ, entouré de deux anges, dans une composition en miroir dont on trouvait le premier exemple à la cathédrale de Senlis. Au-dessous, le linteau supérieur illustre la Dormition de la Vierge. On y voit notamment Jésus qui, d’un geste, désigne le ventre de sa mère, où le Verbe s’est fait chair.
Enfin, au linteau inférieur, les rois d’Israël et les prophètes sont réunis autour de l’Arche d’alliance. Aux ébrasements, on retrouve certains des saints les plus intimement liés à la cathédrale et à la ville. Ainsi, saint Denis, premier évêque de Paris et martyr, qui porte sa tête dans ses mains, ou encore sainte Geneviève, sainte patronne de la cité. À leurs côtés, figurent aussi saint Étienne, à qui était dédiée la première cathédrale, et saint Jean Baptiste, dont Notre-Dame possédait une relique donnée par Philippe Auguste. Les saints locaux jouent un rôle d’intercesseurs familiers, assurant les fidèles que l’histoire du Salut, contée sur les tympans, les concernent directement.
Différences stylistiques
Réalisé intégralement au début du XIIIe siècle, ce portail est le plus homogène des trois sur le plan du style. On ne peut en dire autant du portail central, celui du Jugement dernier. Même si les sculptures sont toutes d’une extraordinaire finesse, il existe d’incontestables dissonances stylistiques entre les différents personnages peuplant le tympan. La Vierge et saint Jean agenouillés et l’ange à la Croix arborent une expression grave et sont vêtus de vêtements tombant en longs plis parallèles. Ils sont datés autour de 1220. Au contraire, les figures plus expressives du Christ juge et l’ange aux clous appartiennent de façon évidente aux années 1240, impression confirmée par les plis cassés de leurs tuniques créant de profonds effets d’ombre, et le traitement plus plastique de leur chevelure.
Comment expliquer ces divergences au sein d’une composition apparemment unitaire ? En y regardant de plus près, historiens et archéologues ont constaté que le tympan était formé de plusieurs blocs indépendants, assemblés entre eux par un épais mortier. Aujourd’hui, l’hypothèse la plus sérieuse est celle d’un montage tardif. Un premier ensemble de sculptures avait bien été réalisé vers 1220, mais, sans doute pour des raisons pratiques – conserver un large accès à l’intérieur de la cathédrale où les travaux se poursuivaient –, celui-ci n’a pas été installé. À la suite vraisemblablement d’un accident, certaines parties ont dû être refaites. La découverte, signalée par Viollet-le-Duc, des restes enfouis d’un Christ brisé au pied du portail soutient cette hypothèse.
Vandalisme révolutionnaire
Ce portail a connu d’autres vicissitudes avant même la tourmente révolutionnaire. De fait, en 1771-1772, la modification de la porte, opérée par Soufflot, l’ampute, de son trumeau et d’une grande partie de ses linteaux, ceci afin de laisser place au dais des processions…Tels qu’ils nous apparaissent aujourd’hui, ces trois portails présentent un visage hybride, mêlant les XIIe-XIIIe siècles et le XIXe. En effet, pendant la Révolution, les statues ornant les piédroits, les trumeaux et les contreforts sont brisées. Il faut attendre la grande restauration, entreprise en 1845 sous la direction d’Eugène Viollet-le-Duc et Jean-Baptiste Lassus, pour que de nouvelles sculptures soient mises en place. Ce travail est supervisé par le sculpteur Adolphe-Victor Geoffroy- Dechaume, à qui l’on doit notamment l’effigie du Christ sur le trumeau du portail central, une œuvre inspirée du Beau Dieu d’Amiens.
La galerie des Rois qui sépare les portails de l’étage de la rose avait été victime du même vandalisme révolutionnaire. Ces vingt-huit figures de souverains étaient alors identifiées aux rois de France, et, à ce titre, constituaient une cible de choix pour les révolutionnaires. L’équipe de Geoffroy-Dechaume se charge de restituer cet ensemble au milieu du XIXe siècle et se permet même quelques facéties. Les rois Achab, Éla et Amasias y sont représentés respectivement sous les traits de Pierre-Émile Queyron, premier inspecteur de Notre-Dame, de Lassus et de Viollet-le-Duc. Cette identification a été confirmée par la découverte d’inscriptions sur la base de ces statues, toutes trois l’œuvre de Jean-Louis Chenillon.
Les sculptures originelles
Les sculptures originelles, on l’a dit, avaient disparu à la Révolution. Elles ont été retrouvées de manière fortuite en 1977, à l’occasion d’un chantier rue de la Chaussée-d’Antin. Parmi de nombreux fragments, vingt et une des vingt-huit têtes, plus ou moins complètes, ont alors été exhumées. Toutes étaient individualisées et portaient des traces de polychromie, à l’instar du décor architectural resté en place. Au-dessus de la galerie des Rois, la présence de la sculpture se raréfie pour laisser place à une expression purement architecturale.
Avec d’abord cette rose monumentale de 9,6 mètres de diamètre, largement reprise par Viollet-le-Duc. Puis cette élégante galerie de colonnettes, dont la légèreté et la finesse tempèrent l’effet de masse produit par les deux tours. Les deux longues baies à voussures brisées qui percent ces tours sur leurs quatre côtés contribuent aussi à souligner leur verticalité, laquelle aurait pu être accentuée par des flèches. Mais le projet en fut abandonné au XIIIe siècle, avant d’être brièvement envisagé lors de la restauration.
La chronique a été générée aussi sérieusement que possible. Dans la mesure où vous désirez mettre à disposition des renseignements supplémentaires à cet article sur le sujet « Découverte de paris » vous pouvez utiliser les contacts affichés sur notre site web. Le but de aquarelleparis.fr est de débattre de Découverte de paris dans la transparence en vous donnant la visibilité de tout ce qui est mis en ligne sur ce thème sur le net Cet article, qui traite du thème « Découverte de paris », vous est volontairement proposé par aquarelleparis.fr. Connectez-vous sur notre site internet aquarelleparis.fr et nos réseaux sociaux pour être informé des prochaines publications.