Paris organise un tirage au sort pour rénover des concessions funéraires, avant de pouvoir les acheter

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Face à la déshérence des monuments funéraires dans les cimetières parisiens, la ville de Paris lance un étonnant appel à projet. Les trente lauréats retenus s’engagent à rénover une concession, en échange de quoi, à l’issue des travaux, ils pourront en devenir les propriétaires.

C’est une manière originale de fêter la Toussaint. Pour répondre à la dégradation des monuments funéraires dans trois de ses cimetières (Le Père-Lachaise, Montmartre et Montparnasse) mais aussi à la pénurie de monuments à attribuer, la mairie de Paris lance un appel à projet peu commun. À partir du 3 novembre, les Parisiens pourront présenter un dossier de candidature pour devenir propriétaire d’une concession funéraire. A une condition toutefois : s’engager à « restaurer le monument à l’identique« . Les 30 personnes tirées au sort se verront offrir la « possibilité d’acquérir une concession funéraire sous ce monument » précise les services de la ville.L’idée est de permettre de rénover des stèles laissées à l’abandon ou en très mauvais état tout en permettant aux personnes désignées d’être sûres de pouvoir bénéficier d’un emplacement au moment de la mort d’un membre de leur famille. Cette expérimentation va d’abord concerner dix emplacements au cimetière du Montparnasse (14e arrondissement), dix au sein de celui de Montmartre (18e) et dix au Père-Lachaise (20e), trois cimetières emblématiques de la capitale.

Actuellement, « l’acquisition d’une concession funéraire dans le Cimetière du Père-Lachaise est uniquement possible au moment d’un décès et sous réserve de disponibilité, pour permettre l’inhumation d’une personne domiciliée à Paris », précise . C’est également le cas pour les cimetières de Montmartre et du Montparnasse. Les quatorze cimetières de la capitale sont effectivement saturés depuis le début du 20e siècle, impossible donc de réserver un emplacement.
Une mère et sa fille nettoient une stèle au cimetière de Montmartre à Paris © AFP – Guillaume BAPTISTE

Le tirage au sort aura lieu à la fin de l’année. L’acquisition se fera ensuite en deux temps, d’abord par une vente « conditionnelle » du bien funéraire, puis la vente à proprement parler. La   précise : « une fois la restauration effectuée, la vente définitive du monument funéraire communal à l’acquéreur est réalisée. Si la restauration n’est pas faite ou que les délais ne sont pas tenus, l’acquéreur ne devient pas propriétaire du monument et ne peut donc pas acquérir la concession funéraire« .Mais attention, les dossiers devront être solides pour être sélectionnés : « le potentiel acquéreur doit estimer le coût de la restauration de son monument : les tarifs de marbrerie funéraire libres, comme le coût du caveau sous la concession et le coût de la concession elle-même », précise encore la délibération en date du 8 avril 2025. Le candidat devra par exemple présenter « au moins deux devis de restauration du monument et du caveau« . L’Architecte des Bâtiments de France devra être sollicité, les trois sites étant protégés au titre des sites et des monuments historiques.

Avec ce dispositif inédit en France, la ville espère dégager de nouvelles recettes estimées à 232.000 euros pour ces trente concessions, leurs prix de vente variant entre 500 et 5.000 euros. Il s’agit également d’inaugurer une nouvelle forme d’économie circulaire. Lorsqu’une concession funéraire arrive à forclusion ou est « reprise pour abandon »,  la concession disparait. Les corps exhumés rejoignent alors l’ossuaire. Les constructions, comme les caveaux, monuments ou ornements entrent eux dans le domaine privé de la commune qui peut en disposer. La majorité des monuments et caveaux sont en général démolis pour permettre de réattribuer le terrain funéraire. Avec cet appel à projet, la ville de Paris espère ainsi éviter que de vieilles stèles ne partent en fumée.