La renommée de ce musée ne cesse de croître, grâce à une programmation éclectique qui alterne sujets liés à l’histoire de la carte à jouer et monographies dédiées à des artistes ayant travaillé autour d’Issy-les-Moulineaux. La rétrospective consacrée au peintre Constant Pape (1865-1920) est une jolie surprise, en révélant un artiste oublié, qui a pourtant connu le succès au salon des Artistes français au début du XXe siècle et a laissé une œuvre sincère et délicate, exclusivement tournée vers les paysages de l’Île-de-France.
En grand format
La plupart des quelque cinquante tableaux réunis ici n’avaient jamais été montrés, conservés pour certains en mains privées, parfois dans les musées (dans les réserves d’Orsay), souvent dans les mairies. Celle d’Issy-les-Moulineaux abrite trois grands formats : La Seine à Issy-les-Moulineaux, Vieille carrière à Issy-les-Moulineaux et Les Brillants, Meudon, un tableau qui valut à Constant Pape une médaille d’or au salon des Artistes français de 1913. Récemment restaurées, ces trois œuvres retrouvent la lumière.
Vue de l’exposition « Constant Pape (1865-1920), la banlieue post-impressionniste » au
musée français de la Carte à jouer à Issy-les-Moulineaux ©Nicolas Fagot, Paris, 2024
Né en 1865 au sein d’une famille modeste, le peintre connaît une carrière honorable entre succès officiels et ventes à des particuliers, complétant ses revenus par une activité de restaurateur de tableaux. Il débute dans les années 1880 dans le sillage des paysagistes Louis Français, un élève de Camille Corot, et Antoine Guillemet, ami d’Émile Zola et des impressionnistes. Durant toute sa (courte) vie, il peindra les campagnes, les forêts, les clairières, les étangs, les carrières de pierre d’Île-de-France, entre Issy-les-Moulineaux, Clamart et le bois de Meudon où ses parents tiennent une guinguette.
Constant Pape, Fête à Clamart, 1907, huile sur toile, 73 × 80,5 cm, Issy-les-Moulineaux, Musée Français de la Carte à Jouer, don Burgun © Ville d’Issy-les-Moulineaux / François Doury
Pochades et décors
« À l’exception de quelques rares échappées à Auvers-sur-Oise, dans le Cotentin et en Vendée, Constant Pape ne peint que les lieux proches de son atelier situé à Meudon, explique Charlotte Guinois, conservatrice en chef du patrimoine au musée français de la Carte à jouer. Il aime le pittoresque du paysage, se passionne pour l’étude de la lumière, les ciels, les reflets dans l’eau. C’est un fin coloriste, qui offre une vision idéalisée des paysages de la banlieue parisienne. Il ne montre jamais l’industrialisation. Il y a chez lui une sorte de nostalgie d’un monde qui est en train de disparaître ».
Constant Pape, Étude pour Le Dimanche à la fontaine Sainte-Marie, forêt de Meudon, 1901, huile sur toile, 99 × 131 cm, Gray, musée Baron Martin © Ville de Gray / Musée Baron Martin / Claude-Henri Bernardot
Outre les spectaculaires tableaux de salon, le parcours de visite s’attache à mettre en lumière deux autres aspects de la production de Constant Pape. L’artiste a produit une quantité de petits formats, des pochades d’un charme fou, qui firent à l’époque la joie des collectionneurs. Réunis en kaléidoscope, ces tableaux miniatures, dont certains évoquent Corot, constituent l’une des plus belles surprises du parcours. Par ailleurs, Constant Pape a candidaté (souvent sans être retenu) pour plusieurs décors de mairies. L’exposition dévoile des esquisses préparatoires pour les hôtels de Ville de Noisy-le-Sec - conservées dans les collections du Petit Palais, à Paris -, de Fresnes et de Vanves.
Constant Pape, Esquisse pour la mairie de Noisy-le-Sec : vue de Noisy-le-Sec, vers 1907, huile sur toile, 50 × 65,5 cm, Petit Palais, musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris © Paris Musées / Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris, Petit Palais
Un art intemporel
On l’aura compris, Constant Pape n’est pas un artiste d’avant-garde. Loin de la modernité qui bouscule la peinture au début du XXe siècle, il reste fidèle à une certaine tradition. « Il est à la fois classique et à contre-courant, souligne Charlotte Guinois. Le programme iconographique qu’il propose pour les mairies est inhabituel. Il n’y a aucune allégorie du travail ou de la famille. Il peint uniquement des paysages, le rythme des saisons, dans une perspective purement décorative. Les personnages ne sont là que pour donner l’échelle. Ses compositions, douces et apaisantes, ont quelque chose d’intemporel ».
Vue de l’exposition « Constant Pape (1865-1920), la banlieue post-impressionniste » au
musée français de la Carte à jouer à Issy-les-Moulineaux ©Nicolas Fagot, Paris, 2024
Cette exposition, la première sur l’artiste, s’accompagne d’un important catalogue, synthèse des recherches récentes menées sur ce peintre qui n’avait encore jamais été véritablement étudié. L’ouvrage bénéficie des contributions de Charlotte Guinois, Sandrine Doré, Florian Goutagneux, Marie Monfort – conservatrice régionale des Monuments historiques d’Île-de-France - et Marianne Lombardi, attachée de conservation et directrice du musée d’Art et d’Histoire de Meudon, où l’exposition sera présentée, avec une nouvelle sélection d’œuvres, du 14 septembre 2024 au 26 janvier 2025.
« Constant Pape (1865-1920), la banlieue post-impressionniste »
Musée français de la Carte à jouer, 16 rue Auguste Gervais, 92130 Issy-les-Moulineaux
Jusqu’au 13 juillet 2024
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