Paris : Le changement de cap de l’exécutif sur l’urbanisme irrite l’opposition

, Paris : Le changement de cap de l’exécutif sur l’urbanisme irrite l’opposition

Le nouveau Plan local d’urbanisme, adopté lundi soir, met un coup de frein à la construction. Un changement de cap trop tardif pour les oppositions qui déplorent un « manque de vision » et reprochent à la maire d’avoir « bétonné Paris »


Paris le 12 avril 2011. Vue generale panoramique sur Paris et la region parisienne depuis la Tour Montparnasse. Immobilier. Monuments parisiens. beau temps. Tour Eiffel

© A. GELEBART / 20 MINUTES Paris le 12 avril 2011. Vue generale panoramique sur Paris et la region parisienne depuis la Tour Montparnasse. Immobilier. Monuments parisiens. beau temps. Tour Eiffel


ANALYSE – Le nouveau Plan local d’urbanisme, adopté lundi soir, met un coup de frein à la construction. Un changement de cap trop tardif pour les oppositions qui déplorent un « manque de vision » et reprochent à la maire d’avoir « bétonné Paris »

C’est selon les propres mots d’Anne Hidalgo une « étape décisive ». La Mairie de Paris a adopté lundi soir son nouveau Plan local d’urbanisme, qui dessinera le visage de la capitale de demain. Le texte doit encore passer par une enquête publique avant une adoption fin 2024, mais le gros de l’architecture est là : plus d’espaces verts (300 hectares promis, une cinquantaine vraiment inscrite), moins de constructions et plus de transformation de bâtiments, 180 parcelles pour des équipements publics, des règles qui incitent à faire plus de logements sociaux… En résumé, de quoi tenir ensemble « deux ambitions : sociale et climatique », comme l’a rappelé Anne Hidalgo dans son discours d’ouverture des débats.

Mais si l’impératif de logement social n’a rien de surprenant, compte tenu des engagements passés de la mairie, le holà sur la construction est plus surprenant, pour qui n’a pas suivi les débats récents. Car de ce point de vue, l’exécutif a opéré une véritable mutation. Anne Hidalgo indiquait en 2013 vouloir continuer à densifier la ville. « Pour moi, la ville écologique, c’est la ville dense, l’étalement urbain n’est pas écologique » disait-elle. Aujourd’hui son premier adjoint fait un autre constat, admettant « qu’on arrive à la fin de la stratégie d’aménagement de Paris » et la maire a estimé en février « que Paris se dédensifie, c’est une bonne nouvelle ».

« Vous avez bétonné Paris »

Le PLU voté lundi freine drastiquement la construction, et met fin à la logique de construction en hauteur. Il acte même d’une forme de dédensification, car selon les modélisations, la ville devrait perdre 500.000 m2 de bureaux en quinze ans. Constatant ce changement de paradigme, l’opposition n’a pas manqué d’adresser des tacles.

« A travers annonces d’aujourd’hui la majorité municipale prouve que sa politique depuis dix ans n’était pas la bonne », a attaqué Pierre-Yves Bournazel, coprésident du groupe Indépendants et Progressistes, dénonçant une « absence de vision et de stratégie de la majorité municipale en termes d’urbanisme ». « Depuis 2014, chaque parcelle de foncier disponible a été construite, souvent de façon excessivement dense et dans un urbanisme de grande hauteur privilégiant la minéralité », poursuit le conseiller de Paris du 18e, citant en exemple la place de la République, où la température peut frôler les 60 degrés au sol l’été, ou encore les Tours Duo, qualifiées de « monuments à contretemps ».

Les critiques ne se sont pas arrêtées là. La présidente des Élus MoDem, Démocrates et Écologistes de Paris a rappelé qu’entre 2006 et 2020, 2,85 millions de m2 ont été construits. « Vous avez bétonné Paris », « vous avez créé des îlots de chaleur à l’image de la place de la république » a-t-elle attaqué, quand la cheffe de file du groupe LR, Rachida Dati, a été encore plus dure : « Paris a été de densification en densification, vous avez modifié les hauteurs, vous avez consenti de nombreuses surélévations de bâti, contribuant à la disparition des dents creuses, avec plus de 1.500 surélévations. Nous pouvons en citer à la pelle ou à la bétonneuse. Que sont allés faire les verts dans cette galère ? Car vous promettez de défaire tout ce que vous avez fait ».

« Jean-Louis, c’est nous »

Si la droite, qui a voté par exemple en faveur de la Tour Triangle, n’est sans doute pas dans la meilleure position pour adresser ces critiques, il n’en reste pas moins qu’une part de vrai subsiste dans ce constat : l’exécutif parisien amorce bel et bien un changement de stratégie, à tel point qu’il est qualifié de « rupture » par les écologistes. « Avec ce PLU on a baissé de 30 % la constructibilité, c’est la première fois dans l’histoire de la ville qu’on adopte une règle de dédensification », indiquait en conférence de presse, la semaine dernière, Emile Meunier, qui rapportait à 20 Minutes avoir le sentiment d’avoir avec son groupe « été capable de changer les esprits ».

Du côté de la mairie, on est moins prompt à envoyer le bébé avec l’eau du bain. Les exercices de reniement sont toujours périlleux… Quand on lui demande s’il a tourné la page de l’ère Missika, du nom de l’ancien adjoint à l’urbanisme qui a lancé la plupart des projets de grandes hauteurs à Paris, son héritier répond : « Je ne tourne la page de rien du tout, Missika c’est mon ami, il a été mon patron, Jean-Louis, c’est nous. C’était déjà Anne Hidalgo la maire, et avant Hidalgo était première adjointe en charge de l’urbanisme », répond Emmanuel Grégoire.

Une réelle conversion des esprits ?

Mais la suite de sa réponse fait entendre des nuances : « Il y a une forme de pensée magique à croire qu’on peut faire un PLU bioclimatique qui sort de nulle part, c’est l’histoire d’une maturité en matière de stratégie urbaine », affirme Emmanuel Grégoire, pour qui « la stratégie urbaine de ces dernières années a fonctionné car on a accompagné la croissance démographique ». En résumé : nous avions raison de le faire alors, et nous avons raison de changer de formule aujourd’hui. Une forme de pragmatisme, pour aller au-delà des principes, et s’adapter à l’époque et aux évolutions urbaines.

Question afférante : la mutation de l’exécutif est-elle aujourd’hui véritablement raccord avec les impératifs écologiques, et l’objectif de dédensification est-il pleinement assumé ? La réponse du Premier adjoint à l’urbanisme est moins claire que celle de sa patronne. Quand on lui demande s’il faut dédensifier Paris, il répond ceci : « Je ne crois pas qu’il y ait un problème de densité à Paris, je ressens des effets de suroccupation, parfois du domaine public, lié aux fréquentations touristiques et aux pôles d’attractivité, mais ce qui me gêne c’est que nous n’ayons pas d’arme pour mieux juguler les effets d’éviction sur le stock de logement [les logements retirés du marché pour être proposés sur les plateformes de location de courte durée, ndlr]. »

Pas sûr que la réponse plaise à la présidente de France Nature Environnement Paris, qui appelle à arrêter de « concentrer les gens » et estime que c’est une « aberration de vouloir empiler les gens aux mêmes endroits ».

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