Nuit Blanche pluvieuse, Nuit Blanche malheureuse ? Pour la première fois, l’événement culturel se déroulera le samedi 3 juin, les Parisiens ayant voté pour un nouveau rendez-vous printanier, au temps plus clément que celui des éditions automnales. Avec un budget d’1,4 million d’euros pour la Ville de Paris et d’1,1 million d’euros au-delà de la capitale, la 22e nocturne qui célèbre l’art contemporain proposera 118 projets. Sous la direction artistique de Kitty Hartl, la programmation mêlera à la fois le thème de « la Seine comme sentier imaginaire » et le sport avec plusieurs manifestations labellisées par Paris 2024 « Olympiade culturelle ». De Paris au Havre, en passant par la Métropole du Grand Paris et Rouen, la Nuit Blanche dépasse le périph pour animer les rues, les monuments, les bords de Seine et les lieux culturels de performances et installations.
Un monde poétique peuplé de créatures hybrides
L’affiche a été dévoilée hier, le ton est donné : la prochaine Nuit Blanche prendra la forme d’une jungle pop colorée peuplée de créatures fantastiques. Après un voyage révélateur au Paraguay l’octobre dernier, Kitty Hartl a en le déclic. « En constatant que 80 % de la forêt qui constituait la jungle de ce pays a disparu — avec les animaux qui y vivaient — à cause de la culture du soja et du maïs, j’ai été frappée par la catastrophe écologique que cela représente », explique la directrice artistique. Elle a donc façonné cette édition inédite en s’inspirant du film Fitzcarraldo (1982) de Werner Herzog, où le personnage principal s’embarque dans une aventure sur l’Amazone, et des préoccupations environnementales actuelles.
Les projets présentés seront écoresponsables (teintés parfois même de militantisme écologique) et s’inscriront dans un monde poétique où vivent d’étranges hybridations entre humains, animaux et végétaux qui ont pour but de « nous désorienter, nous émerveiller et nous amuser ». Ainsi, des yétis colorés feront du roller sur les rives de Seine, le tunnel Henri IV abritera la Licorne de Maïder Fortuné et le Petit Palais accueillera Rana Gorgani qui réalisera une danse soufie ancestrale pour hypnotiser les visiteurs dans un songe éveillé.
De la passerelle Léopold-Sédar-Senghor à Vitry-sur-Seine
La Seine sera également le théâtre de manifestations artistiques. Le duo Plastique Fantastique installera sur la passerelle Léopold-Sédar-Senghor un anneau gonflable doré géant pour évoquer la dimension inséparable de la ville et de son fleuve tandis que Ludmila Rodrigues et Mike Rijnierse récréeront un coucher de soleil figé du soir au petit matin au niveau de la pointe de l’île Saint-Louis. Soixante-dix institutions et centres culturels présenteront aussi des projets, du Musée Picasso au Centre Pompidou, en passant par le musée du quai Branly-Jacques Chirac et la Cinémathèque.
De l’autre côté du périph et jusqu’à la mer, les manifestations ne désemplissent pas. Bertrand Planes reproduira sur la Seine un ciel étoilé à Saint-Ouen, une croisière animée par dix artistes voguera entre Juvisy-sur-Orgue et Vitry-sur-Seine et un théâtre poétique inspiré du Joueur de flûte d’Hamelin se déroulera entre les ponts et les quais d’Alfortville, de Vitry-sur-Seine, d’Ivry-sur-Seine et de Charenton-le-Pont. Tout autant de moments féeriques qui feront rêver les noctambules jusqu’au petit matin.
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