Jusqu’au 17 septembre, le musée Marmottan-Monet accueille cent estampes provenant de la Fondation William Cuendet & Atelier de Saint-Prex. Grâce à la volonté du directeur des lieux, le graveur Erik Desmazières, et la science du commissaire de l’exposition, Florian Rodari, l’exposition « Graver la lumière » donne l’occasion de retrouver les grands maîtres de l’art, de Dürer à Tal Coat. Elle permet également de comprendre les différentes techniques employées depuis la Renaissance (taille d’épargne, taille-douce, pointe sèche, aquatinte, eau-forte…). Deux points forts sont à noter dans le parcours : les paysages du XIXe siècle et, plus original, l’héliogravure à grain.
Emblème artistique
Au cœur du parcours trône cette impressionnante gravure au burin de Claude Mellan. Elle est tout à la fois une prouesse technique et un emblème artistique. Au milieu du XVIIe siècle, l’artiste français a choisi de représenter le voile de Sainte Véronique, qui a conservé les traits du Christ. Avec une incroyable habileté, Mellan grave le visage en un seul trait partant du milieu du nez et du milieu de la feuille. Les contours et les volumes ne sont rendus que par l’épaisseur de la ligne et l’espace laissé en blanc. Cette œuvre fascinante est devenue l’icône des artistes pour le sens qu’elle véhicule et pour sa précision en matière de reproduction.
Memento mori
Le fonds de la Fondation William Cuendet est riche en estampes religieuses anciennes car le donateur était pasteur à Zurich et Lausanne dans les années 1920. Il était passionné par Dürer et Rembrandt, sur lesquels il a donné de nombreuses conférences. En complément, il a réuni un bel ensemble de gravures françaises comme cette Vanité d’après Philippe de Champaigne. La rose coupée dans son vase rappelle la fugacité de la vie et annonce la fin prochaine de tout mortel. Memento mori !
Rembrandt en majesté
En 1947, le pasteur William Cuendet a écrit un livre sur Rembrandt tant sa passion pour le maître hollandais était grande. Parmi les très belles feuilles présentes à l’exposition figurent La Pièce aux cent florins (vers 1649) avec son incroyable coup de lumière sur la foule et La Descente de croix (1654) avec sa scène principale à peine ébauchée. Dans Jésus-Christ disputant avec les docteurs de la Loi (1652), on admire les deux figures assises du premier plan, en ombres chinoises, qui valorisent les personnages placés en plein jour et à peine esquissés.
Fascinant XIXe
La sélection d’estampes XIXe est réjouissante puisqu’elle va de la méticulosité de Rodolphe Bresdin (il faut chercher le Bon Samaritain dans cette végétation luxuriante et sous ce chameau débonnaire) à la saturation décorative d’Edouard Vuillard (Intérieur aux tentures roses, sorti de l’album Vollard). Il ne faut pas manquer le Pégase captif (1888) d’Odilon Redon et la scène sortie tout droit d’un roman d’Edgar Allan Poe avec ses oiseaux crucifiés dans Le haut d’un battant de porte (1852) de Félix Bracquemont, acheté récemment par la fondation suisse.
Des contemporains parmi les maîtres
Hormis la salle dédiée à l’atelier de Saint-Prex, créé en 1968 au bord du lac Léman, il faut chercher dans toute l’exposition les contrepoints contemporains aux estampes célèbres. De Marcel Poncet à Jean Lecoultre, plusieurs créateurs peuvent rivaliser avec la science graphique de Lorrain ou Degas. Il n’est que d’observer la qualité des noirs et blancs de Gérard de Palézieux dans ces arbres venant projeter leurs ombres sur la façade d’un moulin ou le trait régulier de la linogravure de Nicolas Poignon pour cette vue de Berlin.
L’héliogravure à grain
Quelle bonne idée de conclure le parcours avec une salle dédiée à l’héliogravure à grain, prolongement naturel des recherches des graveurs du XIXe ! Ce procédé d’impression sur papier à partir d’une prise de vue photographique et d’une matrice de cuivre préparée à l’aquatinte donne du velouté, du grain, du relief. Sont présentés ici des tirages des années 1980 réalisées par l’atelier de taille-douce de Saint-Prex à partir de cuivres et négatifs originaux de Paul Strand ou Edward Steichen.
« Graver la lumière, l’estampe en 100 chefs-d’œuvre, de Dürer à Picasso »
Musée Marmottan Monet
2, rue Louis-Boilly, Paris
Du 5 juillet au 17 septembre
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