Réunie pour la première fois en mars 2024, dans le but de lancer le réaménagement de la place historique de la Concorde, une commission du même nom, dirigée par Jean-Jacques Aillagon, ancien ministre de la Culture, et Ann-José Arlot, inspectrice générale des affaires culturelles, avait formulé douze recommandations majeures. Ces dernières portaient sur une végétalisation accrue, la mise en valeur du patrimoine, et la priorité donnée aux piétons. À la quasi-unanimité, c’est l’équipe composée de l’architecte Philippe Prost et des paysagistes Bruel-Delmar qui a été désignée lauréate. Le début des travaux est prévu pour la fin 2025, début 2026.
Un lieu historique
Conçue en 1757 par le Premier architecte du roi, Ange-Jacques Gabriel, la place fut d’abord construite en l’honneur du souverain Louis XV. Nommée Place de la Concorde pendant la Convention, elle change brièvement de nom sous Charles X pour devenir la Place Louis XVI, avant de retrouver son appellation actuelle. Cet octogone symétrique, qui fait la jonction entre le jardin des Tuileries et les Champs-Élysées, a été repensé en 1836 par l’architecte Jacques Hittorff
Statue équestre de Louis Louis XV sur la place de la Concorde inaugurée en 1763 © Wikimedia commons / artiste : René-Jacques Charpentier
Ce dernier y a ajouté, entre autres, les lampadaires colonnes rostrales, destinés à célébrer les victoires navales, ainsi que des fontaines. C’est également sous sa supervision que l’obélisque de Louxor, offert par le vice-roi d‘Égypte, Méhémet Ali, à Charles X en 1829, a été érigé. La place est classée au titre des Monuments historiques depuis 1937 et fait partie du patrimoine mondial de l’Unesco « Paris, rives de Seine » depuis 1991.
Érection de l’obélisque de Louqsor sur la place de la Concorde, 25 octobre 1836 © Wikimedia commons / Musée Carnavalet / peinture : François Dubois
Continuité historique et actualisation écologique
La commission Concorde a pris en compte cet héritage, ainsi que les enjeux climatiques contemporains, dans ses critères de sélection. Elle avait par ailleurs recommandé aux candidats de faire de même pour leurs propositions. Parmi les douze recommandations, trois ressortaient particulièrement : « préserver et valoriser les éléments architecturaux et décors historiques existants qui donnent l’échelle de la place », « réduire l’emprise de la circulation automobile pour redonner la priorité aux piétons et à la végétalisation », et « adapter les essences végétales aux enjeux climatiques ».
Vue libre de la place de la Concorde par Philippe Prost architecte/AAPP © Jeudi Wang / adagp 2025
Décision quasi-unanime
En octobre 2024, cinq projets candidats ont été sélectionnés par un jury pluridisciplinaire composé, outre des représentants de la Ville de Paris et du ministère de la Culture, de l’ensemble des membres de la commission Concorde. Le mercredi 26 mars, à 22 voix sur 23, l’équipe composée de Philippe Prost pour l’architecture, le patrimoine et l’urbanisme, et de Bruel-Delmar pour le paysage, a remporté l’appel à candidature.
Vue aérienne de l’actuelle place de la Concorde © Wikimedia commons / photo : Cristian Bortes
Leur objectif, avec leur idée de « place-jardin », est de créer « un espace où l’on prendra plaisir à séjourner ». Le jury a estimé que leur projet trouvait un juste équilibre entre la préservation de l’identité historique de la Concorde et son actualisation. Les deux lauréats prévoient notamment de végétaliser les parterres, ce qui devrait permettre de réduire la température au sol de 8,5 degrés par rapport à aujourd’hui, ainsi que de rendre piéton deux tiers de la surface totale de la place (tout en permettant la circulation des véhicules).
Vue aérienne de la place de la Concorde par Philippe Prost architecte/AAPP © Jeudi Wang / adagp 2025
Dès ce mois-ci, les études de conception et les sondages archéologiques débuteront. Le commencement des travaux est prévu pour la fin 2025 ou début 2026, avec une fin estimée entre 2027 et 2030. Le budget total du réaménagement est pour l’instant prévu entre 36 et 38 millions d’euros.
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