C’est entendu, c’est presque toujours dans les marges, dans les accidents superbes, que surgit la littérature. Et s’il n’est pas nécessaire d’avoir eu un père exagéré, une mère égarée sur les chemins de son chagrin (ou l’inverse, qui est bien aussi), pour faire œuvre ; puisque à tout livre malheur est bon, cela ne saurait constituer un obstacle.
[embedded content]
Les exemples en la matière sont légion, alors retenons le plus récent et peut-être, le plus éclatant d’entre…
C’est entendu, c’est presque toujours dans les marges, dans les accidents superbes, que surgit la littérature. Et s’il n’est pas nécessaire d’avoir eu un père exagéré, une mère égarée sur les chemins de son chagrin (ou l’inverse, qui est bien aussi), pour faire œuvre ; puisque à tout livre malheur est bon, cela ne saurait constituer un obstacle.
[embedded content]
Les exemples en la matière sont légion, alors retenons le plus récent et peut-être, le plus éclatant d’entre eux. Cette mère, Violaine Huisman, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, l’a eu. Et ce fut « Fugitive parce que reine », son entrée tendue et inoubliable dans la carrière. Le père, ce n’est pas rien non plus, entre statue du commandeur et hurluberlu céleste, le charme même, et objet de ce récit, « Les Monuments de Paris », qui illumine de sa beauté et de son élégance (comme de son ambition) cette rentrée littéraire dite d’hiver qui s’apprête à déployer ses fastes en librairie dès cette semaine.
Portrait sans complaisance
Denis Huisman (1929-2021), donc. Considéré par sa fille au moment où « le mort saisit le vif », où ce nonagénaire qui ne se résolut jamais à n’être l’homme que d’un seul destin, d’une seule histoire, d’un seul appétit, d’une seule femme, d’une seule vie, rentre de mauvaise grâce dans sa mort. Ce sont ses chemins incertains qu’emprunte Violaine Huisman à ses côtés.
Ce père est, ainsi qu’il convient à ce témoin du siècle passé, « bigger than life ». Philosophe, pédagogue et businessman averti. Son nom fut celui de l’auteur d’un manuel de philo auquel presque nul lycéen français des années 1960-1970 ne put échapper. Il fonda et dirigea l’École française des attachées de presse, fut l’homme de tant d’aventures, de tant d’idées, de trop d’honneurs… Un de ces architectes des Trente Glorieuses qui, sans lui, l’auraient peut-être été un peu moins.
Le portrait dressé par sa fille n’est pas un tombeau et touche si juste d’abord par son absence de toute complaisance, de tout alanguissement sentimental. Elle y déploie à nouveau, comme dans ses deux précédents romans, la justesse adamantine d’une écriture profondément inscrite dans une tradition française de brièveté laconique et élégante dont le dernier représentant avant elle serait Jean-Jacques Schuhl.
Wikimedia Commons
Devoir de mémoire
Surtout, elle a l’audace, cherchant Denis de trouver Georges… Georges Huisman (1889-1957), son grand-père. Pas n’importe qui non plus. Secrétaire général de l’Élysée sous la IIIe République, directeur général des Beaux-Arts (avec les fonctions qui sont aujourd’hui celles d’un ministre de la Culture) et à ce titre, fondateur du Festival de Cannes, dont il présidera, plusieurs années après-guerre, le jury, homme empêché par sens du devoir de vivre son amour pour une femme qui n’eut pour seul tort que de n’être pas la sienne.
On en passe et des non moins remarquables. Sans oublier toutefois, ce « moment » de notre histoire où le père et le fils furent réunis, pour quelques jours de traversée en juin 1940, entre Le Verdon et Casablanca, à bord du « Massilia », en compagnie de Jean Zay, Georges Mandel ou Pierre Mendès France, à refuser de croire que la nuit de la collaboration était déjà tombée sur notre pays.
Il y a différentes façons d’interpréter le devoir de mémoire. Violaine Huisman s’en acquitte avec une autorité romanesque et une élégance sans pareilles. Et si le motif caché de la judéité court ici de page en page (les Huisman firent partie de ces juifs à qui en somme, Vichy apprit qu’ils l’étaient…), c’est bien d’histoire de France dont il est question. De France et de famille. C’est toujours la même chose.
« Les Monuments de Paris », de Violaine Huisman, éd. Gallimard, 288 p., 19 €, e-book 13,99 €. Parution le 4 janvier.
La chronique a été générée aussi sérieusement que possible. Dans la mesure où vous désirez mettre à disposition des renseignements supplémentaires à cet article sur le sujet « Découverte de paris » vous pouvez utiliser les contacts affichés sur notre site web. Le but de aquarelleparis.fr est de débattre de Découverte de paris dans la transparence en vous donnant la visibilité de tout ce qui est mis en ligne sur ce thème sur le net Cet article, qui traite du thème « Découverte de paris », vous est volontairement proposé par aquarelleparis.fr. Connectez-vous sur notre site internet aquarelleparis.fr et nos réseaux sociaux pour être informé des prochaines publications.