Alors que la cathédrale va rouvrir après cinq ans de travaux, un retour sur son image dans la chanson française éclaire sur son poids symbolique et donc sur l’émotion consécutive à son incendie en 2019.
Publié le : 06/12/2024 – 09:27Modifié le : 06/12/2024 – 11:47
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« Je pleure, je pleure et mes sanglots / Peuvent rien contre les flots / Du ciel en feu (…) Toi les murs de l’éternité / Moi quand j’étais agenouillé / Chantant Marie / Toi qui auras survécu les guerres (…) Notre-Dame tu renaîtras / Pour que dans dix mille ans de ça / Vienne un enfant / Vienne au devant lire ton histoire / Pour comprendre bien mieux que nous / L’histoire d’avant » : des pleurs devant l’incendie du 15 avril 2019 jusqu’à la réouverture de la cathédrale, il se sera passé cinq ans et non dix mille ans comme dans La Dame en feu¸ chanson de Damien Saez parue quelques mois après la tragédie.
Notre-Dame de Paris réparée, restaurée et même embellie va être scrutée par le monde entier d’ici ce 7 décembre avec sa réouverture officielle. Que cet événement prenne une telle importance sur les antennes et les réseaux rappelle que cette cathédrale est bien plus que celle de la capitale. Notre-Dame de Paris est la cathédrale de la France tout entière. Et la musique populaire en fait volontiers un mythe. Peu importe la vérité historique, seuls comptent les symboles : « Paris s’est installé autour de Notre-Dame / Et s’est laissé grandir comme un péché mortel », écrit joliment Bernard Dimey à l’aube des années 1960 dans Le Bestiaire de Paris, qu’enregistrent Juliette Gréco et Pierre Brasseur, accompagnés par des improvisations de Francis Lai à l’accordéon.
Fascination
À cette époque, on ne regarde pas Notre-Dame de Paris avec hargne, mais avec une insolence que corsète encore la fascination pour l’église la plus célèbre de l’ancien royaume. Même l’anarchiste Léo Ferré ne peut tonner trop fort. Dans Cloches de Notre-Dame, en 1950,il présente une humble doléance pour que la voix de la cathédrale se fasse un peu mieux entendre des banlieues défavorisées : « Cloches de Notre Dame à Paris / Qui sonnez les glas et les carillons / Qui sonnez la joie et la peine (…) Vous êtes vieilles comme le monde / Vous êtes pauvres comme la Seine / Vous êtes tendres comme le bronze (…) Penchez-vous un peu du côté / D’Aubervilliers ou des Lilas / Et chantez le bonheur / De ceux qui n’en auront jamais ».
Mais, pour une France plus ancrée dans ses piétés populaires, la vieille dame de pierre est l’amie du peuple. Au début des années 1950, Édith Piaf est la plus célèbre des voix des variétés à chanter ainsi « Dans le Paris de Notre-Dame / De Notre-Dame de Paris / Y a un clochard qu’en a plein l’dos / De porter Notre-Dame sur son dos (…) Voilà pourquoi Paris s’enroule / S’enroule comme un escargot / Pourquoi la Terre s’est mise en boule / Autour des cloches du parvis / De Notre-Dame de Paris ». Et, quand il chante J’habite en France en 1970, Michel Sardou résume cette gloire : « Y’en a qui pensent que le champagne / Sort des gargouilles de Notre-Dame ».
On ne compte pas les chansons qui dépeignent la ville serrée autour de sa cathédrale et la cathédrale en symbole de son âme éternelle. Entre carte postale touristique et rêverie parisienne, Suzy Solidor chante par exemple, en 1952, Les Nuits de Notre-Dame : « Jeunes filles de Paris / Qui rêvez sur le parvis / Regardez autour de vous / Le passé est au rendez-vous / Dans les tours de Notre-Dame / Vibre le cœur de Paris / Et tous les vitraux s’enflamment ».
Victor Hugo
À la célébrissime silhouette de la cathédrale se superpose depuis le XIXe siècle un immense édifice littéraire, Notre-Dame de Paris de Victor Hugo, qui a suscité maintes adaptations chantées depuis l’opéra La Esmeralda de la compositrice Louise Bertin, avec un livret signé de Victor Hugo lui-même, à l’époque où cet art n’est pas encore considéré comme une discipline savante. Il y aura encore quatre adaptations à l’opéra (et une vingtaine au cinéma, à la télévision ou en ballet) avant qu’en 1998 la comédie musicale de Luc Plamondon et Richard Cocciante ne renouvelle l’imagerie du décor de la tragédie de Quasimodo et Esmeralda. D’ailleurs, le librettiste québécois a choisi de ne quasiment pas parler de la cathédrale.
L’histoire des amoureux d’Hugo se retrouve un peu partout dans la musique populaire, comme une chanson du groupe Il était une fois en 1977, que l’on a réécoutée avec un trouble curieux après l’incendie : « Car les tours de Notre-Dame / Ont cœur de pierre / Pour se protéger des flammes ». Mais il ne s’agit que des flammes de l’amour charnel…
Cependant, l’incendie a révélé quelle peut être sa gloire, même pour les Français a priori les plus éloignés de la foi catholique et du respect des vieilles pierres sacrées. Sur son album Le Manifeste – Ni Dieu ni maître, Saez a écrit une autre chanson après l’incendie de 2019. Notre-Dame Mélancolie avoue sans détours : « Putain ma vieille, qu’est-ce que t’es belle / Toi, ce que l’Homme a fait de mieux / Je crois pour s’approcher du ciel ».
Ces derniers mots, écrits et enregistrés par un athée militant, disent bien quelle peut être l’émotion à la réouverture de Notre-Dame de Paris…
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