Notre-Dame de Paris, l’histoire du « chantier du siècle » 4/5 : une redécouverte spectaculaire

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Le 15 avril 2023, quatre ans jour pour jour après l’incendie de Notre-Dame de Paris, les charpentiers terminent de poser le tabouret de la flèche, une opération particulièrement délicate en raison notamment de la complexité de l’ouvrage. En effet, ce chef-d’œuvre de Viollet-le-Duc, composé d’environ 1000 pièces de bois, compte plus de 2000 assemblages ! Pour mener la reconstruction, les architectes ont pu exploiter l’abondante documentation laissée par Viollet-le-Duc et son charpentier Auguste Bellu. Les plans de ce dernier, cotés au millimètre, se sont révélés d’une grande précision. Et ils ont servi de base au gros travail de description préalable concernant les assemblages, les types de bois et les sections.

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La flèche commence à retrouver sa place

À sa base, la flèche repose sur un tabouret, dont la particularité est de prendre appui sur les piliers de la croisée du transept, ce qui lui confère une excellente résistance au vent. Depuis ce socle, elle s’élance autour d’un poinçon de 52 mètres de long, qui traverse successivement la souche, le fût et l’aiguille. Au milieu du fût, là où se rencontrent la nef, le chœur et les deux transepts, 24 pièces de bois viennent se rejoindre ! À partir du fût, il n’est pas possible de gruter des ensembles. L’assemblage s’effectue alors pièce par pièce, chaque jour voyant alterner échafaudeurs le matin et charpentiers l’après-midi. Ainsi, l’échafaudage et la flèche ont-ils grimpé conjointement pour atteindre les 96 mètres de haut. Et, le 16 décembre 2023, sous les vivats de la foule, un nouveau coq retrouve sa place sur le faîte de l’édifice.

Les premières pièces de charpente posées au coeur de la cathédrale ont été celles du tabouret de la flèche – sa base –, achevé le 15 avril 2023, quatre ans jour pour jour après l’incendie. © Patrick Zachmann / Magnum Photos

Les premières pièces de charpente posées au coeur de la cathédrale ont été celles du tabouret de la flèche – sa base –, achevé le 15 avril 2023, quatre ans jour pour jour après l’incendie. © Patrick Zachmann / Magnum Photos

2023 est l’année des charpentes. Puisque, pendant que la flèche grimpe vers les cieux, les charpentiers sont également à l’œuvre sur la nef, le chœur et les deux bras du transept. Autant dire que la coordination s’avère la clé du succès. L’acheminement des éléments de charpente sur le chantier constitue une véritable performance. Pour les bras du transept, par exemple, les charpentes sont amenées en pièces détachées sur les quais d’Ivry, en bord de Seine, puis remontées, avant d’être transportées par des péniches vers Notre-Dame. Bien qu’elles soient placées obliquement, il faut lester les barges pour qu’elles puissent passer sous les ponts. Arrivées près de la cathédrale, les fermes sont assez rapidement grutées pour être mises en place. Les charpentes de la nef et du chœur demandent une procédure différente, les fermes étant remontées sur le chantier même, sur des plateformes de stockage et d’assemblage.

Début de la mise en place du fût de la flèche, au-dessus du tabouret. © Patrick Zachmann / Magnum Photos

Début de la mise en place du fût de la flèche, au-dessus du tabouret. © Patrick Zachmann / Magnum Photos

Le franchissement d’une étape décisive

Contrairement aux charpentes de la flèche et des bras du transept, qui dataient du XIXe siècle, celles de la nef et du chœur remontaient, elles, à la fin du XIIe et au XIIIe siècle. Leur reconstitution a été rendue possible grâce l’existence de relevés très précis qui avaient été réalisés quelques années auparavant. Et dans un souci de vérité archéologique, elles sont reconstituées non seulement à l’identique mais aussi selon les techniques d’époque. C’est ainsi que les charpentiers équarrissent à la main, avec des outils spécialement fabriqués par des ferronniers d’après des modèles anciens.

Début de la pose des charpentes du choeur. © Patrick Zachmann / Magnum Photos

Début de la pose des charpentes du choeur. © Patrick Zachmann / Magnum Photos

Une autre partie de la cathédrale a beaucoup souffert de l’incendie, ce sont les pignons nord et sud des transepts. Soumises à de très hautes températures, les pierres ont perdu leur résistance mécanique. Dès lors, une seule solution s’impose : reconstruire entièrement les pignons. Aux ouvrages de maçonnerie s’ajoute un énorme travail de sculpture : une quinzaine de gargouilles, 70 petites chimères, 80 fleurons, 40 mètres linéaires de frise feuillagée et plus de 750 crochets sont ainsi resculptés dans la loge située sur le parvis. Par ailleurs, deux des statues, saint Étienne et saint Martin, ornant le pignon sud sont entièrement recréées, leur état empêchant d’envisager une réinstallation.

Le pignon sud a retrouvé sa silhouette. © Patrick Zachmann / Magnum Photos

Le pignon sud a retrouvé sa silhouette. © Patrick Zachmann / Magnum Photos

2023 voit enfin le franchissement d’une étape décisive avec le déséchafaudage presque complet du chœur et de la nef, après l’achèvement en août de la restauration des voûtes. Dernière touche de cette opération, toutes les clés de voûte sont remises en couleurs et dorées. Le démontage des structures métalliques révèle des parements d’une clarté inédite, mais remet également en lumière les vitraux des 39 baies hautes de la nef, du chœur et des transepts. Tous sont été déposés pour être nettoyés et restaurés, une occasion unique pour les historiens d’observer de près et d’analyser ces verrières sous un jour nouveau.

Restauration de la sacristie

Épargnée par l’incendie, la sacristie bénéficie elle aussi d’une restauration intégrale, selon les mêmes protocoles que ceux appliqués dans la cathédrale. Le plus spectaculaire dans cette opération s’avère, sans aucun doute, comme dans les chapelles de la cathédrale, la redécouverte des décors peints, altérés par la saleté. Leur chromatisme chatoyant, mis au point par Viollet-le-Duc lors de la construction de la sacristie au milieu du XIXe siècle, répond à celui des vitraux également restaurés. Dans cet écrin, le Trésor de Notre-Dame retrouvera bientôt sa place.

Au fur et à mesure de la descente des échafaudages intérieurs, la blondeur de la cathédrale se dévoile. © Patrick Zachmann / Magnum Photos

Au fur et à mesure de la descente des échafaudages intérieurs, la blondeur de la cathédrale se dévoile. © Patrick Zachmann / Magnum Photos

Enfin, l’orgue commence à revenir dans la cathédrale. S’il avait miraculeusement échappé aux flammes (et à l’eau !), cet instrument monumental, avec 8 000 tuyaux et ses 115 jeux, était contaminé par le plomb. Plusieurs mois ont été nécessaires au deuxième trimestre 2020 pour le démonter entièrement. Ensuite, une grande partie des éléments sont nettoyés et restaurés en atelier, tandis que certaines parties comme le buffet ou les tuyaux de façade le sont in situ. Le remontage commence en janvier. La partie mécanique terminée, on s’attelle à la partie musicale en 2024. Chaque tuyau est réinstallé et harmonisé individuellement dans le silence de la nuit.


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