Un vœu royal est à l’origine des embellissements du chœur de Notre-Dame de Paris, menés à bien au début du XVIIIe siècle. « En décembre 1637, pressé de toutes parts par la guerre avec la maison de Habsbourg et fragilisé par l’absence d’un héritier mâle, Louis XIII prend la décision de placer “sa personne, son État, sa couronne et ses sujets” sous la protection de la Sainte Vierge, écrit Alexandre Gady dans Notre-Dame de Paris. La fabrique d’un chef-d’œuvre (2021). Ce vœu, dont les lettres patentes sont publiées le 10 février 1638, est fêté pour la première fois à Notre-Dame le 15 août suivant. »
Accomplir le vœu de Louis XIII
La France est bientôt victorieuse et l’héritier tant désiré, Louis Dieudonné, futur Roi-Soleil, naît en septembre 1638. Mais à la mort de Louis XIII, cinq ans plus tard, les embellissements du chœur promis à la cathédrale en remerciement du vœu n’ont toujours pas vu le jour. Le chœur conserve son apparence médiévale pendant la plus grande partie du règne de Louis XIV. Si, en 1650, celui-ci renouvelle le vœu de son père, le grand chantier doit encore attendre.
Enfin, en 1699, Jules Hardouin-Mansart, premier architecte du roi, conçoit un fastueux autel baroque, placé sous un baldaquin porté par des colonnes torses. Comme à Saint-Pierre de Rome ! Le maître-autel gothique est démoli. « Le lundi sept décembre après-midi, entre nones et vêpres, M. le cardinal de Noailles, revêtu de ses habits pontificaux, accompagné de messieurs les vénérables doyens & chanoines » pose la première pierre du nouvel autel, raconte l’abbé de Montjoye dans Description historique des curiosités de l’Église de Paris (1763). Elle est ornée d’une plaque de bronze portant l’inscription : « Louis le Grand […] voulant accomplir le vœu du Roi son père, et y ajouter des marques de sa piété, a fait faire dans l’Église Cathédrale de Paris, un autel avec ses ornements d’une magnificence au-dessus du premier projet. »
Quatre médailles d’or et d’argent aux effigies des deux rois sont déposées sous l’autel. Une maquette grandeur nature du baldaquin en bois et plâtre est édifiée. Elle déplaît au roi et à certains des chanoines. On démolit ! En remplacement, une « gloire » dorée rappelant celle de la chaire de Saint-Pierre de Rome magnifiera la suspense eucharistique, réceptacle contenant les hosties consacrées placé au-dessus de l’autel.
Un don providentiel
À la mort d’Hardouin-Mansart en 1708, son beau-frère et principal collaborateur Robert de Cotte (1656-1735) lui succède. Ce grand architecte, dont la réputation s’étend à l’Europe entière, est aussi un brillant décorateur. Un nouveau et somptueux projet est élaboré, aussitôt compromis par la ruineuse guerre de succession d’Espagne. Mais en août 1708, année du jubilé de son ordination, le chanoine Antoine de La Porte institue une rente annuelle de 10 000 livres destinée à financer les travaux du chœur. Ce don providentiel relance le chantier.
La transformation la plus radicale du chœur réside dans la modification des 6 grandes arcades. Les ogives médiévales sont partiellement comblées pour épouser la forme d’arcs en plein cintre, les piliers gothiques sont habillés de maçonneries classiques. L’ensemble reçoit un revêtement de marbre blanc veiné et de marbre rouge du Languedoc, rehaussé d’anges et de trophées de plomb doré. La plus grande partie du décor s’achèvera au printemps 1714, tandis que la grande Pietà de Nicolas Coustou placée derrière l’autel ne sera terminée qu’en 1723. Devant les six piliers recouverts de marbre, posés sur des consoles richement ouvragées, 6 anges de bronze monumentaux portent les instruments de la Passion.
Plus somptueux encore, le maître-autel dû au sculpteur et ornemaniste Antoine Vassé est lui-même orné de 2 grands anges et d’un bas-relief également signé de Vassé représentant la mise au tombeau du Christ. La version en plâtre posée en 1719 sera finalement coulée en bronze par Vassé fils en 1752 et dorée. Enfin, un riche pavage de marbres de couleur recouvre le sol. Remplaçant la clôture médiévale du chœur dans la partie orientale du sanctuaire, de superbes grilles de fer forgé et doré sont exécutées par Nicolas Parent et Jacques Petit. Scandées de pilastres, surmontées d’un cartouche orné de trois fleurs de lys et d’une couronne royale, elles permettent aux fidèles de contempler les splendeurs « versaillaises » du nouveau chœur de marbre et d’or depuis le déambulatoire. Au centre de chacune de ces grilles se déploie le double L de Louis XIV, instigateur de ces métamorphoses.
Marbres à profusion
Bas et large, le maître-autel permet de contempler, à l’arrière-plan, la grande Pietà de marbre blanc que le célèbre sculpteur Nicolas Coustou achève sur place. Celle-ci forme le centre du groupe sculpté du Vœu de Louis XIII, complété par deux effigies monumentales, les statues de Louis XIII offrant son sceptre et sa couronne, par Guillaume Coustou, et de Louis XIV en prière, par Antoine Coysevox.
Dans le déambulatoire, au revers de la Pietà, Robert de Cotte érige le monument contenant les reliques de saint Marcel. Recouvert de marbres, il est l’œuvre de Vassé. Un grand oculus fermé par une grille ouvragée permet aux fidèles d’apercevoir la châsse du saint. Dans le chœur, de nouvelles stalles adossées à des boiseries de chêne sculpté complètent le décor, exécutées par Louis Marteau (sud) et Jean Nesle (nord). Sur la partie supérieure des stalles, Jules Degoullons et son atelier sculptent les épisodes de la vie de la Vierge. Au-dessus des boiseries, les arcs gothiques sont masqués par une série de grands tableaux sur le même thème, signés par les meilleurs peintres du temps.
Dans un ultime élan de générosité, le chanoine de La Porte en a offert le financement en 1710, l’année de sa mort. Vers la nef, le jubé qui ferme le chœur avait été remplacé, quelques décennies plus tôt sur demande de la reine Anne d’Autriche, mère de Louis XIV, par deux autels. Cette disposition est maintenue dans la nouvelle structure, qui est entièrement plaquée de marbres. Encadrés de colonnes monumentales, l’autel de la Vierge (à droite) reçoit une statue de Vassé, celui de saint Denis (à gauche), une statue de Nicolas Coustou. Pour clore ce splendide frontispice, François Caffin forge une haute grille portant, comme les grilles du chœur, le double L de Louis XIV. Elle est surmontée des armes de France et de la Croix.
Outre ce grand chantier royal, la cathédrale connaît d’importants travaux de restauration sous la direction de l’architecte Germain Boffrand. La rose sud présentait des problèmes de stabilité depuis le XVIe siècle. Elle est reconstruite, ainsi qu’une partie du pignon sud. Les tailleurs de pierre doivent se conformer à la « bizarrerie » des éléments gothiques à reconstituer et retrouver un style « hors d’usage depuis plusieurs siècles », dixit l’historien Germain Brice dans Nouvelle Description de la Ville de Paris en 1725. Cet exploit est salué par une gravure d’Aveline dédiée au cardinal de Noailles par Claude Ponel, « appareilleur dudit ouvrage ».
Les vitraux anciens en bon état sont remis en place. Le centre de la rose est orné des armes du cardinal de Noailles. De même, la voûte de la croisée du transept qui menace ruine est reconstruite sur croisée d’ogives. « Contrairement à une idée reçue, les Lumières ne méprisent pas le gothique qui a conservé des admirateurs, au moins pour ses audacieuses structures », rappelle Alexandre Gady. À l’extérieur, le cardinal de Noailles entreprend la réfection complète de la couverture de plomb de l’édifice en 1726, ainsi que la restauration de certaines parties de la charpente. Il fait également restaurer plusieurs arcs-boutants et, « plein d’un zèle fatal au monument » (selon Viollet- le-Duc, qui éliminera avec non moins de zèle le décor du XVIIIe siècle), il fait remplacer les gargouilles endommagées par des tuyaux de plomb… À l’intérieur, un badigeon général de la cathédrale permet d’unifier parties neuves et anciennes. Dans le grand vaisseau gothique blanchi à neuf, les marbres et les ors du chœur resplendissent d’un incomparable éclat.
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