Notre-Dame de Paris dévoilera bientôt une lumière que personne n’avait vue depuis des siècles

, Notre-Dame de Paris dévoilera bientôt une lumière que personne n’avait vue depuis des siècles

Pendant de nombreux mois, Notre-Dame de Paris était devenue une cathédrale de métal. Avec des échafaudages couvrant les élévations intérieures et l’intrados (face intérieure d’une voûte ou d’un arc) des voûtes, difficile d’imaginer qu’elle puisse se révéler aussi belle. Après la fermeture d’une première voûte effondrée dans le transept nord, en novembre 2022, l’entreprise Lefèvre (Hauts-de- Seine) a poursuivi la consolidation des voûtes et la reconstruction des brèches importantes de la nef, causées par la chute de la flèche.

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Une dernière voûte de la nef refermée en avril 2023

Kamal Hattabi, directeur d’exploitation chez Lefèvre, précise : « Nous avons procédé de la même manière pour toutes les voûtes de la cathédrale, à savoir : purge des joints de maçonneries des voussoirs (pierre taillée utilisée pour la construction d’une voûte ou d’un arc, NDLR) et des claveaux (bloc de pierre taillé en biseau qui constitue les nervures des voûtes) depuis l’intrados et l’extrados (face extérieure d’une voûte ou d’un arc), consolidation par injection de coulis de micromortiers de chaux thixotrope pour combler les vides et donner un caractère unitaire à l’ouvrage, rejointoiement par l’extrados puis réalisation d’une chape structurelle à base de chaux renforcée par des treillis en fibre de verre. Le rejointoiement des intrados, toujours à base de micromortiers de chaux, est ensuite réalisé avant d’appliquer une patine d’harmonisation. Sur les zones effondrées, les étaiements par cintres, installés pendant la phase de sécurisation, ont servi dans un premier temps de supports indispensables pour la mise en œuvre des arcs en pierre jusqu’à la clé, puis ont permis la fixation de cerces (assemblage de pièces en bois utilisé pour donner la courbure souhaitée à une voûte en construction) mobiles, déplacées à l’avancement, pour la pose des voutains. »

Les nervures des voûtes ont retrouvé leur filet ocre rouge et les vitraux des baies hautes de la rotonde du chœur ont été reposés. ©Patrick Zachmann/Magnum

Les nervures des voûtes ont retrouvé leur filet ocre rouge et les vitraux des baies hautes de la rotonde du chœur ont été reposés. ©Patrick Zachmann/Magnum Photos

La dernière voûte de la nef a été refermée en avril 2023. Une fois les voûtes restaurées, il a fallu remettre les clés en peinture, dont une du chœur a été préalablement resculptée par les Ateliers Bouvier (Gard). « Toutes étaient dans un état d’encrassement très important et présentaient des lacunes de peintures et de dorure. Nous les avons consolidées, nous avons refixé les parties qui se décollaient et procédé à des retouches, détaille Charlotte Ferber, peintre en décoration chez Arcoa (Hauts-de-Seine). Pour finir, dans le respect de la conception du Viollet-le-Duc, nous avons marqué les arcs des voûtes d’un discret filet ocre rouge qui vient souligner la pureté de l’architecture. » « La fin de la restauration de l’intrados des voûtes conditionnait la dépose des échafaudages, confirme Sébastien Faure, directeur des opérations de l’établissement public. Ce sont, en tout 1200 tonnes de métal réparties dans une grande partie de la cathédrale, qu’il faut descendre et évacuer. »

La nef de la cathédrale apparaît dans toute sa blondeur. ©Patrick Zachmann/Magnum

La nef de la cathédrale apparaît dans toute sa blondeur. ©Patrick Zachmann/Magnum Photos

Un nettoyage qui avance à grande vitesse

Et il n’y a pas que du métal. Les cintres en bois, mis en place entre mars et août 2021 sous les nervures des voûtes pour les supporter, doivent aussi être retirés : « Nous avons déposé les cintres au fur et à mesure de la fermeture des voûtes en suivant le même protocole que pour leur montage, mais à l’envers. Pour une rapidité d’évacuation, les cintres ont été déposés entiers sur des recettes à matériaux (plateforme intégrée à l’échafaudage permettant l’approvisionnement de matériels et matériaux à tous les étages de celui-ci) puis évacués, toujours entiers, par les oculi (ouverture circulaire cerclée de pierres pratiquée dans une voûte et qui tient lieu de clé de voûte), grâce à la grue », explique Damien Brisson, directeur technique chez Le Bras Frères (Meurthe-et- Moselle).

Les clés de voûte ont retrouvé leur polychromie et leur dorure. ©Patrick Zachmann/Magnum

Les clés de voûte ont retrouvé leur polychromie et leur dorure. ©Patrick Zachmann/Magnum Photos

Le nettoyage de la cathédrale avance à grande vitesse. Tous les parements sont à présent restaurés ainsi que les chapelles, à l’exception de celles du chœur qui devraient être terminées au premier trimestre 2024 et qui seront déséchafaudées dans la foulée. Les garde-corps des tribunes ont fait l’objet d’un traitement particulier : « Dessinés par Viollet-le-Duc, ils avaient été, au XXe siècle, déportés vers l’arrière car ils ne correspondaient plus au goût du jour, confie Jonathan Truillet, adjoint « science et patrimoine » de la directrice générale déléguée de l’établissement public. Ils jouaient toujours leur rôle de protection mais on les voyait moins. Comme tous les éléments mobiliers, ils ont été déposés et dépoussiérés, et viendront se repositionner au droit des colonnes, leur emplacement d’origine. Ils viennent particulièrement bien s’insérer dans le décor intérieur, comme l’avait voulu Viollet-le-Duc. »

Les vitraux des baies hautes de la rotonde du chœur ont été reposés après avoir été nettoyés et restaurés en atelier. ©Patrick Zachmann/Magnum

Les vitraux des baies hautes de la rotonde du chœur ont été reposés après avoir été nettoyés et restaurés en atelier. ©Patrick Zachmann/Magnum Photos

Des découvertes lors de la restauration des vitraux

Quant aux vitraux des baies hautes, et notamment ceux du chœur, ils reprennent leur place progressivement après avoir été restaurés par les ateliers Baudoin (Val-de-Marne), le groupement Atelier Mur Anése (Yvelines), mandataire, et Claire Babet Vitraux (Eure-et-Loir), le groupement Manufacture Vincent-Petit (Aube), mandataire, et Arts et Forges (Aube) et, enfin, Vitrail France (Sarthe). Ils apportent une nouvelle harmonie chromatique à l’espace. « Nous avons fait des découvertes en restaurant ces vitraux, notamment concernant leurs bordures qui ont un côté très proche de l’orfèvrerie et qui apportent une sorte de scintillement dont nous n’avions pas conscience avant la restauration », complète Jonathan Truillet. « Une fois que l’ensemble de la cathédrale aura été débarrassé de ces échafaudages, il restera des finitions, comme l’indique Sébastien Faure. Nous avons encore à terminer le nettoyage et la restauration des parties basses, comme les pieds de colonnes par exemple, qui étaient inaccessibles jusqu’à présent, et nous allons pouvoir débuter la restauration des sols. »

La rotonde du chœur déséchafaudée. ©Romaric Toussaint/RNDP

La rotonde du chœur déséchafaudée. ©Romaric Toussaint/RNDP

D’autres éléments ont aussi été restaurés, notamment les éléments mobiliers du chœur – constitués du groupe sculpté du Vœu de Louis XIII et de stalles en bois du XVIIIe – et, bien sûr, la croisée du transept. « La voûte de la croisée a été refermée au printemps 2024. Cette opération a duré deux mois. C’est une voûte très complexe composée de 7000 à 8000 voussoirs en pierre et le planning de pose est assez dense », indique Pascal Prunet, architecte en chef des monuments historiques, plus particulièrement chargé du suivi de la reconstruction des voûtes. Sa reconstruction a conditionné à la fois la descente de l’échafaudage nécessaire à la reconstruction de la flèche et la libération du sol de la croisée, où il prend appui, pour la réalisation du plateau liturgique.


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