Alors que le projet d’un musée dédié à Notre-Dame de Paris vient d’être officiellement lancé et que la réouverture du monument est annoncée pour décembre 2024, le musée du Louvre à Paris s’apprête à mettre en lumière les chefs-d’œuvre perdus et réinventés du Trésor de la cathédrale. Du 18 octobre 2023 au 29 janvier 2024, l’exposition « Le trésor de Notre-Dame de Paris. Des origines à Viollet-Le-Duc » retracera l’histoire de cet illustre corpus d’objets précieux et d’objets d’art dédiés au culte, né dès les temps mérovingiens, anéanti sous la Révolution française et somptueusement reconstitué durant le XIXe siècle.
Splendeurs en creux
Conçue par Jannic Durand, conservateur général du Patrimoine, Anne Dion-Tenenbaum, conservateur général et adjointe au directeur du département des Objets d’art, Florian Meunier, conservateur en chef au département des Objets d’art et Michèle Bimbenet-Privat, conservateur général honoraire au département des Objets d’art, l’exposition confronte inventaires, récits historiques, peintures, manuscrits enluminés et gravures pour ressusciter les chefs-d’œuvre perdus du Trésor et dessiner en creux sa splendeur perdue. Au fil ses acquisitions et de ses pertes, on traverse en plus de 120 œuvres les grandes heures, et celles plus sombres, de l’histoire de France.
Attesté dès le VIe siècle, le Trésor de Notre-Dame s’est enrichi tout au long du Moyen Âge de prestigieux artefacts, tels que les reliques de saint Marcel, neuvième évêque de Paris (405-435), le Fragment de la Vraie Croix offert par le prêtre du Saint-Sépulcre de Jérusalem au XIIe siècle ou encore les Reliques de la Passion, dont la célèbre Couronne d’épines, acquises par Saint Louis entre 1239 et 1242 puis transférées à la Sainte-Chapelle de Paris. Ornements liturgiques, reliquaires, vases sacrés et manuscrits enluminés, offerts par des hommes d’églises, des princes et des reines, permettent ainsi à Notre-Dame de rivaliser avec les plus puissantes abbayes d’Europe.
Constituant une véritable réserve monétaire, le Trésor est malheureusement sacrifié de loin en loin, au gré des guerres et des périodes de crises que traverse le royaume de France. Si durant les Guerres de Religion de nombreuses pièces précieuses sont envoyées à la fonte, le règne de Louis XIV se révèle une période faste pour la collection qui s’enrichit de nouvelles œuvres grandioses, tels que le « Grand soleil », un ostensoir monumental en argent doré aujourd’hui disparu, dont l’exposition du Louvre présente un dessin préparatoire par Robert de Cotte, architecte du roi.
L’œuvre est également visible sur un tableau de Jean Jouvenet conservé au Louvre, La Messe du chanoine de La Porte (1710), ce même chanoine dont les archéologues de l’Inrap ont mis au jour le sarcophage lors des fouilles menées en 2022 à la croisée du transept. Citons également parmi les chefs-d’œuvre méconnus rescapés de l’Ancien Régime la tenture de la Vie de la Vierge, exécutée en 1645-1657 sur des cartons des peintres Philippe de Champaigne ou Jacques Stella, aujourd’hui conservée à la cathédrale de Strasbourg.
Chefs-d’œuvre néogothiques
Le trésor de Notre-Dame est ensuite anéanti durant la Révolution française, une nuit d’août 1792. Les reliques disparaissent en même temps que les pièces d’orfèvrerie qui sont fondues, dans le sillage des lois de nationalisation des biens du clergé et de confiscation des objets de culte.
Lorsque Napoléon prend le titre d’Empereur et signe le Concordat en 1802, lequel autorise le retour du culte catholique à Notre-Dame, le trésor, éparpillé, éventré, fondu, est largement à reconstituer. Les Reliques de la Passion provenant du trésor de la Sainte-Chapelle, retournent à Notre-Dame à l’occasion du sacre de Napoléon en 1804. Deux ans plus tard, En 1806, Jean-Charles Cahier reçoit du chapitre la commande d’un nouvel écrin pour la Sainte Couronne d’épines. L’orfèvre imagine une imposante châsse reliquaire néoclassique qui sera remplacée sous le Second Empire (1852‐1870) par Viollet-Le-Duc. De nombreux enrichissements et prestigieuses commandes ont lieu sous la Restauration, parmi lesquelles une grande Vierge à l’Enfant en argent, commandée par Louis XVIII à l’illustre orfèvre Jean-Baptiste Odiot (1763-1850).
Mais le point d’orgue de l’histoire du Trésor, comme de l’exposition du musée du Louvre, est sans conteste la période du Second Empire au cours de laquelle un nouveau bâtiment de style néogothique est conçu par Viollet-le-Duc pour abriter les objets du culte. Ce dernier va imaginer dans le même esprit tout un ensemble exceptionnel d’objets liturgiques (chrêmier, ostensoir, chandelier, etc.) et de reliquaires en sollicitant de nombreux orfèvres et bronziers pour reconstituer le trésor perdu de la cathédrale. L’exposition révèle les dessins préparatoires virtuoses de Viollet-le-duc ainsi que certaines des plus belles pièces de trésor néo-gothique, dont le spectaculaire Reliquaire de la sainte Couronne d’épines de Placide Poussielgue‐Rusand (1862) en argent doré, cristal et pierres précieuses.
« Le trésor de Notre-Dame de Paris. Des origines à Viollet-Le-Duc »
Musée du Louvre, Paris
Du 18 octobre 2023 au 29 janvier 2024
Cette exposition est organisée par le musée du Louvre, en partenariat avec la Direction régionale des affaires culturelles d’Île-de-France en charge des opérations de conservation des objets du trésors de Notre-Dame de Paris, Notre-Dame de Paris et la Bibliothèque nationale de France. Elle s’inscrit dans la programmation culturelle « Notre-Dame de Paris : vers la réouverture » coordonnée par l’établissement public chargé de la conservation et de la restauration de la cathédrale Notre-Dame de Paris, maître d’ouvrage du chantier de restauration. Ce label rassemble les manifestations culturelles, expositions, conférences et événements consacrés à la cathédrale Notre-Dame de Paris pendant sa restauration et dans l’attente de sa réouverture, prévue en décembre 2024.
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