Deux semaines après la grande annonce présidentielle au Louvre, le CMN, qui gère nombre de sites et monuments de France, présentait mardi sa feuille de route pour 2030. D’un projet à l’autre, deux façons de faire très différentes.

Deux salles, deux ambiances : entre la mise en scène majestueuse de la Joconde le 28 janvier et la relative simplicité d’une salle de l’hôtel de la Marine le 11 février, les journalistes auront pu mesurer les différences entre la gestion de projet menée par Laurence des Cars, présidente-directrice du Louvre, et celle mise en place par Marie Lavandier, présidente du CMN, le plus important réseau de sites et monuments de France (cent dix au total), accueillant onze millions de visiteurs par an – des alignements de Carnac à l’Arc de Triomphe, en passant par les remparts de Carcassonne.

Arrivée au CMN en mai 2023 et venue du Louvre-Lens, Marie Lavandier a accompagné la fin du chantier du château de Villers-Cotterêts, et donc l’ouverture de la Cité internationale de la langue française, en novembre 2023. Depuis lors, et sans trop de bruit, le CMN a phosphoré tout au long de l’année 2024, mobilisant la réflexion de ses agents, de sa tutelle, des partenaires et des publics pour construire le projet CMN 2030. Une consultation en ligne a recueilli mille cent vingt-deux propositions sur six thèmes proposés, des questionnaires ont été fournis en interne et aux visiteurs afin de cerner les attentes de chacun, deux cent dix-sept agents se sont investis dans quinze ateliers sur tout le territoire. De cette large consultation collective sont ressortis dix chantiers prioritaires, portés chacun par un projet concret.

Passion, expertise, inventivité…

« C’est un projet qui porte l’ambition de l’efficacité, de l’élan, du bonheur de travailler », insiste Marie Lavandier mettant au cœur de son dispositif les mille cinq cents agents qui animent, gèrent, entretiennent les monuments de son réseau : « j’assume le fait que présider un établissement, c’est s’occuper de ses agents ». À l’inverse du projet du Louvre, dont on a du mal, sans documentation, à cerner le périmètre et le projet scientifique sous-tendu par une nouvelle disposition de la Joconde, le CMN a pris le temps de concevoir un support éditorial pour exposer en détail sa consultation et les chantiers à venir, faisant la part belle aux paroles des agents.

Le résultat de ce remue-méninges à grande échelle ne renverse pas la table, mais recentre un réseau sur des valeurs communes : passion, expertise, inventivité, partage, rigueur scientifique et solidarité. C’est toujours mieux de l’écrire afin de susciter l’adhésion et la mobilisation des visiteurs et des habitants. Il préconise surtout, après une décennie de grands projets – notamment l’ouverture de l’hôtel de la Marine et de Villers-Cotterêts –, « une augmentation raisonnée » du nombre de monuments gérés pour prendre le temps d’intégrer les récentes extensions. D’autant que l’année 2025 verra la réouverture des visites des tours de Notre-Dame de Paris.

La présidente prône enfin « une écologie de la conservation », en donnant la priorité à l’entretien et à la réparation du bâti, dans des programmations pluriannuelles adaptées à chaque monument. Ceci afin d’éviter les grands chantiers de rénovation, toujours plus coûteux. Comme au Louvre ?

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