Après trois années de travaux et un coût total de 210 millions d’euros, le château de Villers-Cotterêts, édifié sous le règne de François Ier, est désormais investi par la Cité internationale de la langue française. Le château avait été racheté en 2014 par l’État pour un euro symbolique. Les travaux titanesques patronnés par le Centre des monuments nationaux permettront au château d’accueillir des expositions temporaires, des espaces pédagogiques interactifs, et des résidences pour chercheurs. Le public pourra profiter de la bâtisse et de ses jardins dès son inauguration, le 19 octobre prochain.

De François Ier au XXIe siècle

Frémissante et dense avec ses hautes futaies de hêtres, la forêt de Retz est à portée de regard. À peine moins giboyeuse qu’au XVIe siècle, lorsque François Ier fit transformer, au cœur du duché de Valois, une bâtisse du XIIe siècle en résidence de chasse. Construit entre 1532 et 1556, achevé sous le règne d’Henri II par Philibert Delorme, un temps lieu de divertissement et d’intrigues fort animé, au point de donner naissance au dicton « s’amuser comme à Villers-Cotterêts », le château a sombré dans l’abandon, puis dans l’oubli.

Caserne sous la Révolution, dépôt de mendicité en 1804, maison de retraite à la fin du XIXe, réquisitionnés sous les deux guerres, les bâtiments, on l’imagine, n’étaient plus en 2014 que l’ombre du chef-d’œuvre de la Renaissance contemporain du chantier de Fontainebleau. Mais l’Histoire nous apprend que, pour peu qu’on soit déterminé à les ranimer, les Belles au bois dormant s’éveillent toujours de leur funeste sommeil.

Une vitrine de la francophonie

En 2018, le président de la République Emmanuel Macron a pris la décision de faire du château une vitrine et un laboratoire de la francophonie. Il a confié au Centre des Monuments nationaux (CMN) le soin de restaurer les lieux et d’y installer la Cité internationale de la langue française. La résolution est hautement symbolique. Parce que l’importance du projet soutient une conviction : l’intégration à la nation est indissociable de la maîtrise de la langue française. Mais aussi parce qu’en 1539, François Ier a signé ici la très célèbre Ordonnance de Villers-Cotterêts, qui établit que tous les actes légaux et notariés seront désormais rédigés en français, langue qui se substitue au latin.

C’est un projet colossal qui démarre en 2020. Architectural d’abord. Si les volumes intérieurs du château ont subi de grandes modifications du XVIIIe au XXe siècle, le plan initial n’a pas été affecté. La restauration a donc privilégié l’ouverture des espaces et la mise en valeur des éléments de la Renaissance. Dans l’aile sud du logis royal, on retrouve le grand escalier couvert d’une voûte en anse de panier, pourvue d’éléments de décor familiers aux Valois : salamandre, « F » à foison, cordelettes finement ciselées, mascarons feuillagés…

À l’autre bout de la galerie figure un plus petit escalier au plafond orné de sujets mythologiques d’une exquise variété, satyres barbus contre nymphe endormie, Jupiter embrassant Cupidon… Entre les deux, une chapelle qui est aussi l’un des plus beaux exemples de la sculpture architecturale du XVIe siècle, où fourmillent chérubins et fleurs de lys, entre des colonnes cannelées d’une extrême élégance. Ajoutons une façade du corps sud qui compte comme un témoin « d’avant-garde », interprétation originale de l’ordre antique, détachée des modèles italianisants, et signe que Villers-Cotterêts doit être considéré comme un joyau de la Renaissance française.

Un lieu ludique

L’ambition qu’on lui prête aujourd’hui est taillée à la mesure de son exceptionnelle splendeur recouvrée. Le chantier a été gigantesque : le second en Île-de-France par son ampleur après celui de Notre-Dame de Paris. Sous la maîtrise d’œuvre d’Olivier Weets, architecte en chef des Monuments historiques, on a dépollué, repris les fondations, démoli cloisons, faux plafonds et entresolements indus, restauré planchers et charpente, façades en pierre, décors sculptés, couvertures d’ardoise, huisseries et menuiseries. Vint ensuite la mise en place d’une scénographie. Divers espaces ponctuent un parcours dédié à la langue française : une collection permanente, une zone réservée aux expositions temporaires, un auditorium qui programme débats et événements, des ateliers pédagogiques et de formation, des résidences d’artistes.

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Cité internationale de la langue française
Château de Villers-Cotterêts
Inauguration le 19 octobre

La restauration du château de Villers-Cotterêts, future Cité Internationale de la langue française.

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