« Nous serons au rendez-vous, pour permettre la réouverture de la cathédrale au culte et à la visite, en décembre 2024 » a assuré le général Jean-Louis Georgelin, président de l’Etablissent public Rebâtir Notre-Dame de Paris (EP-RNDP) en visite jeudi 25 mai dans les Ateliers Perrault, à Saint-Laurent-de-la-Plaine (Maine-et-Loire) où les premières travées de la charpente en chêne massif du chœur ont été montées à blanc. « Cette bataille nous la gagnerons avec vous. Et lorsque le chantier sera terminé dans les délais que nous a fixé le président de la République, il y aura un véritable héritage de ce chantier » a-t-il poursuivi.
Pour reconstruire l’ensemble du grand comble (soit la nef et le chœur) bâtis de la fin du XIIe et de la première moitié du XIIIe siècle et détruite par l’incendie du 15 avril 2019, l’établissement public, maître d’ouvrage, a retenu à l’été 2022 par appel d’offres un groupement de deux entreprises de charpente : les Ateliers Perrault (Maine-et-Loire), mandataire, reconnus pour leur expérience de chantiers complexes en monuments historiques, et les Ateliers Desmonts (Eure), pour leur savoir-faire en taille manuelle. Les premiers sont chargés de la charpente du chœur, tandis que les seconds réaliseront la nef. « Pour l’occasion, nous avons fait appel à une dizaine de compagnons extérieurs et 25 nouveaux apprentis, mais dans l’ensemble, nous avons ont pu absorber cette charge de travail sans trop perturber nos autres chantiers » explique Jean-Baptiste Bonhoure, directeur général des Ateliers Perrault, fleuron de l’artisanat français créé il y a 260 ans et dont le chiffre d’affaires devrait dépasser cette année les 20 millions d’euros avec 170 salariés.
La charpente médiévale de Notre-Dame : un témoignage rare
D’une longueur de 32 mètres, d’une largeur de près de 14 mètres et d’une hauteur de 10 mètres, la charpente du chœur est un ouvrage en chêne massif d’une taille exceptionnelle. Elle est composée de 35 fermes, principales et secondaires, et 22 demi-fermes, formant 6 travées et une abside de forme semi-circulaire. Cette charpente est reconstruite en bois de chêne massif selon un dessin fidèle à l’ouvrage médiéval, conformément aux avis de la Commission nationale du patrimoine et de l’architecture (CNPA). Elle sera réalisée en taille manuelle, particulièrement adaptée au dessin de ces charpentes, respectueuse du fil du bois, et garantissant une très bonne pérennité.
Le choix d’une reconstruction des charpentes respectant le dessin initial des ouvrages, dans leur état médiéval, se justifie par la qualité de l’ouvrage disparu, témoignage rare d’une révolution technique et conceptuelle dans l’art de la charpente au début du XIIIe siècle qui a permis d’augmenter la résistance et la portée des couvertures. Par l’emploi – nouveau à l’époque – d’assemblages par tenons et mortaises, couplé au développement de l’art du trait de charpente, les compagnons du début du XIIIe siècle ont élaboré des fermes dont le dessin était très bien documenté avant l’incendie, grâce aux relevés réalisés en 2014 par Rémi Fromont et Cédric Trentesaux, architectes en chef des monuments historiques. « La charpente de Notre-Dame, telle qu’elle existait avant l’incendie, représente un témoignage patrimonial unique de l’art des compagnons du XIIIe siècle. Plus nous l’étudions, plus nous comprenons à quel point elle a représenté un jalon important dans l’évolution technologique des charpentes à cette époque » explique Rémi Fromont.
Techniques et outils renaissent
Pour mener à bien ce chantier, c’est toute une chaîne de compétence qui a été mobilisée, voire quasi-ressuscitée à l’image de la taillanderie. Quelque 1 200 chênes ont d’abord été sélectionnés dans des dizaines de forêts françaises, dont celles de Bercé (Sarthe), Chandelais (Maine-et-Loire) ou Bellême (Orne). Livrées aux charpentiers à partir de janvier, les grumes sont ensuite dégrossies selon une technique mixte utilisant le sciage mécanique de deux faces, puis un équarrissage manuel à la hache de dégrossi et à la doloire (hache à simple biseau) pour respecter la fibre du bois. Cette technique, qui avait été délaissée par les compagnons depuis le XIXe siècle au profit d’outils mécaniques, a été préférée pour ces charpentes fidèles au dessin médiéval. « C’est une technique qui n’est possible que si le bois est vert » explique le charpentier Rémi Desmonts.
Quelques 20 km d’arbres seront ainsi transformés en poutre à l’aide d’une hache. Toujours entièrement à la main, chaque pièce de bois sera ensuite taillée par des compagnons venus de toute la France. Pour l’occasion, une soixantaine de haches a été réalisée par des taillandiers, dont le métier était en voie de disparition. Vingt heures de travail sont nécessaires pour chaque hache. Aussi, pour réaliser ces outils indispensables, le groupement s’est appuyé sur le savoir-faire de La Maison Luquet (Haut-Rhin) et de ses quatre partenaires – l’Atelier Les Frappantes (Gers), l’Atelier Let (Isère), la Taillanderie Claudel (Ille-et-Vilaine) et la Taillanderie Sauvage (Nièvre) ainsi que des artisans venus du Canada. « Il y aura un avant et un après ce chantier et nous sommes maintenant une petite vingtaine à exercer ce métier en France » raconte Martin Claudel, taillandier installé à Langon, en Ille-et-Vilaine.
Elévation
Une fois les pièces taillées, les compagnons ont procédé au tracé de l’épure qui consiste à dessiner, à l’échelle 1, l’ouvrage à construire, réalisé à même le sol de l’atelier. Suivra l’étape de la « mise sur ligne » qui consiste à assembler horizontalement la vingtaine de pièces de chaque ferme au-dessus du tracé d’épure, pour vérifier le parfait ajustement de leur cinquantaine d’assemblages, tous réalisés sans aucune pièce métallique. Enfin, les compagnons pourront procéder au montage et au liaisonnement des six fermes (deux fermes principales et quatre secondaires) entre elles, par des liernes, pour former une travée complète.
Deux de six travées sont déjà réalisées. Elles ont été dressées dans la cour des Ateliers Perrault, sous une immense halle provisoire. Elles resteront assemblées plusieurs mois afin que le bois se stabilise avant d’être démontées à la fin de l’été pour être acheminées à Paris, sur le chantier de Notre-Dame, puis posée à partir de septembre.
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