L’entretien du monument est au cœur d’une polémique. Les syndicats grévistes dénoncent « un état de dégradation avancé » de la Dame de fer. La mairie de Paris se défend et assure que le monument est « en parfait état ».

L’état de la tour Eiffel est-il inquiétant? Pour le troisième jour consécutif, en pleine période de vacances scolaires, le monument le plus célèbre de France est fermé ce mercredi 21 février en raison d’une grève de son personnel.

Les syndicats de la Société d’exploitation de la tour Eiffel (Sete) dénoncent notamment une mauvaise gestion financière du monument par la municipalité, qui possède 99% du capital. Ils reprochent à la mairie une « recherche de rentabilité à tout prix et à court terme » et font part de leur inquiétude sur l’entretien du monument.

« La principale revendication, c’est la redevance que compte prélever la mairie de Paris. Elle exige après les JO de prélever 50 millions d’euros par an (ndlr: contre 16 actuellement). La grosse crainte des salariés c’est sur l’entretien du monument par la suite », explique Denis Vavassori, technicien et représentant CGT pour la tour Eiffel, au micro de BFM Paris Ile-de-France.

Le monument « dans un état de dégradation avancé » selon la CGT

Il indique qu’à l’heure actuelle, le monument « est dans un état de dégradation avancé, au niveau de la rouille ». « Il y a une campagne de peinture en cours mais on a 14 ans de retard », note le technicien.

« La peinture c’est ce qui protège le fer de la corrosion et de la rouille. Plus les années passent, plus on prend du retard là-dessus, plus la tour Eiffel se dégrade », affirme le représentant CGT.

Cette semaine, des photos montrant de la rouille et de la corrosion sur le monument ont par ailleurs été partagées sur les réseaux sociaux et largement relayées par le mouvement « Saccage Paris ».

Un monument « en perpétuelle rénovation »

« On entend tout et n’importe quoi, le monument est en très bon état », assure sur Franceinfo ce mercredi 21 février le premier adjoint à la mairie de Paris.

Ce « joyau de la ville » est « en perpétuelle rénovation », insiste Emmanuel Grégoire. Ce dernier reconnaît néanmoins que la tour Eiffel n’est « pas simple à rénover », notamment parce que la rénovation du monument se déroule tout en maintenant son ouverture au public.

Gustave Eiffel avait laissé quelques indications pour entretenir le monument. « La peinture est l’élément essentiel de la conservation d’un ouvrage métallique (…) les soins qui y sont apportés sont la seule garantie de sa durée », indiquait le créateur de la Dame de fer, en 1900. Il préconisait de repeindre le monument tous les 7 ans.

Depuis 2020, la 20e campagne de peinture a débuté, 11 ans après le lancement de la dernière. Pour la première fois, un décapage des fonds de peintures est réalisé.

« Après 19 campagnes successives, la peinture atteint une épaisseur jusqu’à 3 mm et une masse estimée à 350 tonnes. L’arc décoratif situé côté Champ-de-Mars est ainsi décapé sur une surface de 5%. Sur le reste de la structure, c’est la méthode du piquetage/grattage puis remise en peinture qui est employée », peut-on lire dans un dossier de presse de la Sete.

Une 20e campagne de peinture compliquée

Ce décapage qui avait fait ressortir, début 2021, la présence de plomb dans les couches de peinture précédentes, et entraîné la suspension des travaux pendant huit mois.

Sur X (ndlr: anciennement Twitter), des internautes et parfois même des politiques, comme le conseiller régional de droite Pierre Liscia, reprochent à la mairie de ne pas être intervenu plus tôt pour l’entretenir. Karen Taieb, adjointe à la maire de Paris en charge du patrimoine a répondu à certains commentaires.

« Avant de repeindre, une couche de peintures anciennes est retirée pour éviter d’augmenter le poids de l’ensemble de la tour (…) C’est une campagne qui a commencé depuis plusieurs années et cela se fait face par face », défend l’élue du 17e arrondissement.

« C’est la 20e campagne de peinture et sans doute la plus importante par son ampleur Elle est par ailleurs faite sous l’expertise de l’architecte en chef des monuments historiques P-A. Gatier », insiste encore l’adjointe en charge du patrimoine.

Des coûts qui explosent

Cette 20e campagne de peinture, gage principal de la conservation du monument, a vu ses coûts de réalisation s’envoler notamment à cause de la gestion du risque plomb.

« Ce qui était prévu au plan contractuel d’investissement, c’était qu’il y ait deux campagnes de peinture budgétisées à hauteur de 50 millions d’euros. Le souci c’est que la première campagne de peinture coûte déjà 85 millions d’euros et on a fait à peine 30% de la campagne de peinture », développe Denis Vavassori.

Pour terminer cette première campagne de peinture, il y a un budget de 35 millions d’euros. « On sait très bien que ce sera dépassé », assure le représentant CGT.

La tour Eiffel restera probablement encore inaccessible ce jeudi 22 février, en raison de la grève reconductible lancée lundi par les deux syndicats représentatifs du personnel. Ce mercredi, Emmanuel Grégoire s’est dit « très soucieux du dialogue social » et indiqué faire « confiance à la Société d’exploitation pour sortir de cette situation ».

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