Très mystérieuse, la Maison du Fontainier, située non loin du Jardin du Luxembourg, est quasiment inaccessible au grand public aujourd’hui. Pourtant, il y a quelques siècles, c’était un point névralgique pour la capitale, puisqu’elle permettait tout simplement de distribuer l’eau dans Paris. Parmi les derniers vestiges intra-muros de l’Aqueduc Médicis, le monument se dévoile uniquement lors de visites guidées par l’association Paris historique, plusieurs fois dans l’année et lors des Journées du Patrimoine.

La reine Marie de Médicis décide de faire construire un aqueduc, de Rungis à Paris, sur plus de 13 kilomètres, pour amener de l’eau au jardin du palais du Luxembourg et à la rive gauche plus généralement, qui en manquait à l’époque, au contraire de l’autre rive. On trouve encore aujourd’hui de nombreux vestiges en dehors de la capitale, notamment à Arcueil ou L’Haÿ-les-Roses, visibles en extérieur, mais très peu à Paris, où l’aqueduc était surtout souterrain.

La Maison du Fontainier, imposante bâtisse en pierre de taille de style Louis XIII, est ainsi construite entre 1619 et 1623 dans le 14e arrondissement, sur le 27e et dernier regard (dispositif maçonné permettant d’inspecter une canalisation souterraine) de l’aqueduc, mis en eau au XVIIe siècle. Les étages supérieurs sont habités par le Fontainier du roi, Thomas Francine, puis ses descendants, qui surveillaient la distribution de l’eau dans la capitale, une ressource toujours précieuse.

L’eau amenée par l’aqueduc arrive dans les sous-sols et se répartit dans trois bassins : au centre, le bassin des Carmélites et des Entrepreneurs, dont l’eau est destinée aux besoins du clergé, à droite, le bassin du Roi, qui alimente palais et fontaines, et à gauche, le bassin de la Ville, pour les fontaines publiques, qui ne représente pourtant que 28 % des eaux.

En 1845, un réservoir souterrain voûté en cathédrale, à double rangée de colonnes, est ajouté de l’autre côté du bassin du Roi pour stocker environ 1000 mètres cube d’eau. Il ne sert pas bien longtemps, car la maison perd sa fonction en 1874 à cause des travaux d’Eugène Belgrand, sous la direction du baron Haussmann, autour du service des eaux et des égouts de Paris. La maison est classée monument historique depuis mars 1994.

Lors de notre visite, nous avons ainsi emprunté un escalier qui descend dans les profondeurs de l’édifice et découvert un Paris souterrain que l’on ne soupçonne pas d’en haut, non loin des Catacombes.

Dans cette ambiance un brin frissonnante, Dominique, notre guide passionnée, nous a dévoilé l’histoire du lieu et celle de l’eau dans la capitale, toute une épopée qui nous questionne sur la facilité avec laquelle elle coule du robinet aujourd’hui. Un édifice impressionnant, aux belles arches qui ont résisté au temps, dans lequel nous avons déambulé en admirant le travail du passé, à travers de petits passages parfois étroits, découvrant ici et là d’anciens tuyaux et tunnels.

Une visite pédagogique, qui permet d’en apprendre plus sur les souterrains de notre ville ! Attention, prévoyez des baskets ou des chaussures confortables car le sol peut parfois être un peu inégal et salissant. Prochaine date, le 15 octobre !

Sur les traces de l’Aqueduc Médicis, où trouver les derniers vestiges dans le 14e arrondissement ?
L’eau circule aujourd’hui facilement sous nos pieds mais il fut un temps où un aqueduc, celui de Médicis, l’acheminait plus difficilement depuis Rungis. S’il est moins utile aujourd’hui qu’au XVIIe siècle, il reste encore quelques vestiges à découvrir lors de balades dans le 14e arrondissement. [Lire la suite]