Il restaure Notre-Dame de Paris et les châteaux de la Loire : Aymeric est le dernier des briquetiers solognots

, Il restaure Notre-Dame de Paris et les châteaux de la Loire : Aymeric est le dernier des briquetiers solognots

À 50 ans, Aymeric de Baudus perpétue un savoir-faire vieux de cinq générations à Ligny-le-Ribault. Sa tuilerie de la Bretèche, la dernière encore en activité en Sologne, fournit les plus grands monuments français, de Notre-Dame à Versailles.

Dans la cour de la tuilerie de Ligny-le-Ribault, Aymeric de Baudus sourit. « On devient fabricant de terre cuite filialement parlant, puisque je représente la cinquième génération de la même famille à la tête de cette entreprise. » Ici, le métier ne s’apprend pas seulement dans les livres, il se transmet dans la poussière rouge des ateliers, de père en fils. L’entreprise est la dernière briqueterie artisanale de Sologne, une survivante d’un âge d’or disparu. « Au début du XIXe siècle, il y avait environ 500 briqueteries dans la région. Aujourd’hui, on est la dernière en Sologne, et même en France, il ne reste que cinq ou six tuileries artisanales. » Un patrimoine vivant, que le temps n’a pas érodé. D’ailleurs, si vous voulez écouter cet artisan en parler par lui-même, vous pouvez cliquer sur le bouton bleu qui est en haut de cette page.

Le savoir-faire d’Émeric n’a pas de frontière. Ses briques et ses carreaux ont orné les plus prestigieux monuments français. « On a la chance d’avoir travaillé pour l’ensemble des monuments historiques français quasiment : récemment, Notre-Dame de Paris pour les carreaux hexagonaux des tribunes, La Pagode à Paris, Matignon, l’Élysée, et bien sûr tous les châteaux de la Loire. » Pour lui, chaque chantier est un honneur. « J’ai encore eu la chance récemment d’avoir une visite privée de Notre-Dame, j’étais tout seul à l’intérieur, juste avant l’ouverture. » Quelques jours plus tard, il se retrouve à Versailles, un lundi, jour de fermeture. « C’est un privilège rare, j’en suis conscient. »
Aymeric de Baudus, face au micro pour l'interview. Il tient la tuilerie de la Bretèche à Ligny-le-Ribault

Aymeric de Baudus, face au micro pour l’interview. Il tient la tuilerie de la Bretèche à Ligny-le-Ribault © Radio France Vincent James

Aymeric a grandi sur le site même de la tuilerie, « un endroit un peu bloqué dans les années 60 », comme il le décrit avec tendresse. « Je faisais le pitre avec mes frères, on jouait dans les bâtiments, quitte à se faire réprimander le soir parce qu’on avait fait deux-trois bêtises. » Les souvenirs sont intacts, parfois rocambolesques : « Brûler non, casser quelques murs oui, embourber des voitures aussi, mais jamais brûler ! » Et parmi toutes ces images d’enfance, un souvenir le marque encore : « Papa m’avait emmené sur le chantier de l’ancienne chocolaterie Meunier à Noisiel. C’était magique. On était monté avec les architectes jusque sur les terrasses pour refaire des briques d’arcade. Ce moment-là me reste ancré. »

Dans l’atelier, les gestes d’hier sont encore ceux d’aujourd’hui. « Les techniques ont très peu bougé, et heureusement, c’est là notre cœur de métier. On conserve les méthodes ancestrales pour restaurer des bâtiments sans qu’on voie qu’on a travaillé dessus. » La passion d’Aymeric, c’est cette fidélité à l’authenticité, cette précision presque religieuse. Il parle de la matière avec gourmandise : « Une bonne brique, c’est un peu comme un bon saucisson, il faut lui laisser le temps. Elle doit être faite uniquement d’argile, sécher correctement, cuire lentement. Une brique traditionnelle, c’est au minimum un mois de fabrication. » Ce goût du travail bien fait, transmis de génération en génération, fait de sa tuilerie un lieu rare, où le temps s’arrête, où la main de l’artisan dialogue avec celle des bâtisseurs d’autrefois.

Avec la série « Des gens d’ici », la radio donne la parole à celles et ceux qui, chaque jour, contribuent à faire battre le cœur du Loiret. Derrière chaque épisode se cache une histoire singulière : celle d’un artisan passionné, d’un sportif animé par la persévérance, d’un artiste tourné vers le partage ou d’un bénévole engagé auprès des autres. Ces récits tissent ensemble le portrait d’un territoire multiple et chaleureux, où la richesse du département s’exprime avant tout à travers les femmes et les hommes qui y vivent.

Pour capter la vérité de ces parcours, Vincent James part à la rencontre des habitants là où tout commence : dans leur environnement quotidien. Qu’il s’agisse d’un atelier à Montargis, d’une salle de sport à Orléans ou d’une cuisine familiale à Pithiviers, chaque lieu devient le cadre d’échanges sincères. Les conversations se déroulent simplement, au rythme de la vie. Et peu à peu, c’est un Loiret humain, passionné et authentique qui se dévoile. La force de la série réside dans cette proximité, dans ces instants captés sans mise en scène, où l’émotion prend toute sa place.

Les épisodes de « Des gens d’ici » sont disponibles en écoute libre à tout moment. En  — ou en descendant jusqu’au bas de cette page — il est possible de découvrir les portraits diffusés à l’antenne et d’explorer les prochains. Chaque nouveau témoignage vient enrichir une mémoire sonore vivante du Loiret, faite de voix, de visages et d’histoires singulières. Bien plus qu’une simple chronique, ce rendez-vous invite à redécouvrir le département autrement : à travers celles et ceux qui, par leur passion, leur engagement et leur talent, font vibrer le Loiret au quotidien.