Au printemps 2021, suite à l’expulsion de familles palestiniennes du quartier de Cheikh Jarrah à Jérusalem-Est, en avril, un soulèvement de la jeunesse palestinienne se produit à Gaza, à Jérusalem-Est et en Cisjordanie. Deux ans après ce soulèvement, considéré par des observateurs comme un tournant dans l’histoire de la Palestine, l’Institut du monde arabe (I.M.A.), a ouvert ses portes, à une exposition, « Ce que la Palestine apporte au monde », dont le titre surprend et interroge. C’est Jack Lang, le président de l’institution, qui est l’instigateur de cet événement. C’est lui qui a voulu tourner les projecteurs, non pas sur les intifadas et les guerres meurtrières, mais sur les Palestiniens, ses penseurs et ses artistes, qui sont, selon ses mots, une « inspiration intellectuelle, culturelle, artistique, humaine pour le monde ».
Cinema for survival
L’exposition, scindée en trois volets, propose un éclairage polyphonique sur la créativité artistique palestinienne. Le premier, intitulé « les Palestiniens et les Palestiniennes en leurs musées », présente une sélection des 400 œuvres qui composent les collections de son « musée en exil » : le Musée national d’art moderne et contemporain de Palestine, abrité dans les murs de l’I.M.A. depuis 2016, et constitué de dons d’artistes, coordonnés par Ernest Pignon-Ernest.
Jean-Michel Alberola, Le Rêve éveillé d’Edward Said, 2020, collection du Musée d’art moderne et contemporain de la Palestine © MNAMCP © Nabil Boutros
Le second volet de l’exposition, « Images de Palestine : une Terre sainte ? une terre habitée ! », confronte des tirages orientalistes du XIXe siècle et des photographies contemporaines, prises par la jeune génération palestinienne. Ces photos orientalistes, qui fabriquent « un récit fallacieux, celui d’un pays vide d’habitants qui n’existe pas », selon les mots d’Elias Sanbar, écrivain et commissaire général de l’exposition, sont entourées d’images d’un pays bien vivant : la Palestine des années 2020.
Maeen Hammad, Landing, 2020-2023 © Maeen Hammad
Elles sont l’œuvre d’une jeune génération de photographes résistants qui ont un sens affirmé de l’autodérision. Une image montre une installation du plasticien Iyad Sabbagh, qui a redonné vie aux 2 000 morts de l’offensive israélienne de 2014 à Gaza, en érigeant sur la plage, face aux maisons bombardées, des silhouettes en fibre de verre constellées de taches rouges. Une autre, issue de la série Cinema for survival, dévoile la cérémonie d’ouverture du festival Gaza Red Carpet, fondé aux lendemains de cette même guerre, dont le coup d’envoi, pointe d’humour noir, a lieu au même moment que son homologue cannois. On y voit un écran dressé, en plein air, au milieu des carcasses de maisons éventrées, à l’extrémité d’un tapis rouge de 70 mètres de long.
Amer Nasser, Cinema for survival (Gaza Red Carpet Film Festival), 2015 © Amer Nasser
« Un captif amoureux »
Le troisième volet, « Les valises de Jean Genet », est dédié à cet écrivain et poète (1910-1986) qui n’a jamais eu de domicile fixe. Celui-ci transportait ses modestes effets (dessins, débuts de scenarii de films, et manuscrits préparatoires de son livre posthume) dans deux valises, conservées tout au long de sa vie et remises, avant sa mort, à son avocat Roland Dumas.
Valises ayant appartenu à Jean Genet, Archives Jean Genet, IMEC © Michael Quemener © IMEC
Des valises dont le contenu témoigne de l’histoire d’amitié entre Genet, arrivé en 1970 dans un camp de réfugiés situé en Jordanie, et les Palestiniens, et de l’énorme appétit d’écriture d’un homme qui avait, pourtant, 25 ans auparavant, annoncé qu’il arrêtait d’écrire.
Marc Trivier, Portrait de Jean Genet, 1985, Rabat, collection du Musée national d’art moderne et contemporain de la Palestine © MNAMCP © Marc Trivier
« Cette histoire d’amitié avec le peuple palestinien qui l’a accueilli s’achèvera par l’écriture et la publication, un mois après sa mort, d’Un captif amoureux, une des plus belles œuvres littéraires du XXe siècle », souligne Elias Sanbar. Un livre qui rend compte d’une expérience intime, celle d’un homme, d’un artiste, qui vécut au cœur d’un peuple dont il tomba amoureux.
« Ce que la Palestine apporte au monde »
jusqu’au 19 novembre 2023
Institut du Monde Arabe, 75005 Paris
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