Pour montrer cette effervescence, tous les supports sont mélangés, de la peinture et sculpture à la photographie et cinéma. Riche mais sans grandes révélations, l’exposition « Le Paris de la modernité 1905-1925 » au Petit Palais à Paris constitue un panorama assez complet de ces deux décennies et de la production des milliers d’artistes alors présents à Paris. « Venus de toute la France, d’Europe et même d’Asie et des Amériques, ils nourrissent cette « ville-monde » de leur vitalité, croisant les idées, les regards et les pratiques dans des échanges extrêmement stimulants », résume Juliette Singer, la commissaire scientifique de l’exposition assistée de Marlène Van de Casteele, auprès d’Annick Lemoine, la directrice du Petit Palais.
Des artistes méconnus et des objets spectaculaires
Le nombre de prêteurs est impressionnant, qu’ils soient privés ou publics, et on se réjouit de voir des artistes méconnus comme Marie Vassilieff, Irène Lagut, Tarsila do Amaral ou Jacqueline Marval (principalement des femmes). Pour pimenter la scénographie signée Philippe Pumain, quelques objets monumentaux ont été parsemés sur le parcours tel cet aéroplane Deperdussin de 1911 ou deux costumes du ballet Parade imaginés par Pablo Picasso. Le théâtre, la musique et la mode occupent une bonne place. Une exposition pédagogique, qui fait le point sur cette période essentielle pour l’art du XXe siècle.
L’aéroplane Deperdussin présenté dans l’exposition « Le Paris de la modernité 1905-1925 » au Petit Palais à Paris, 2023 ©Paris Musées/Gautier Deblonde
Paris, capitale de la création
Le parcours commence par des évocations des différents quartiers de Paris, de Montmartre à Montparnasse, du Bateau-Lavoir à La Ruche. « À Paris, tout va alors plus vite, plus haut, plus fort », rappelle la devise des Jeux Olympiques de Paris en 1924. Il en est de même pour ces deux décennies qui ont vu naître l’art moderne à Paris. Les expositions, comme le Salon d’automne de 1905 (les deux petites sculptures d’Albert Marque rappellent le scandale de la salle VII), dévoilent les nouveautés fauves et les modèles langoureux. De grands formats, comme L’Abondance d’Henri Le Fauconnier et La Danse du Pan-Pan au Monico de Gino Severini, voisinent avec quelques pépites de Léger, Chagall et Pascin.
Le Modèle (1912) de Jules Pascin, présenté dans l’exposition « Le Paris des modernités », Petit Palais, Paris, 2023 (©Guy Boyer).
La coupure de la guerre
La frénésie créatrice des années 1910 s’interrompt brutalement avec l’entrée en guerre de la France face à l’Allemagne. Photographies, films et peintures montrent le front et les atrocités des combats dans les tranchées. Tenues militaires, dirigeables, avions, canons et ruines font partie du décor quotidien des soldats (bravo pour avoir sorti du MUDO de Beauvais la toile des Soldats sénégalais de Vallotton et du MAMP celle des Soudanais de Mela Muter !) et apparaissent dans les tableaux du Douanier Rousseau ou les dessins de Zadkine. Toute petite section sur les motifs de camouflage inventés par Louis Guingot et les artistes mobilisés.
Eglise des Hurlus en ruines (1917) de Félix Vallotton, présenté dans l’exposition « Le Paris des modernités », Petit Palais, Paris, 2023 (©Guy Boyer).
L’École de Paris
Rien de mieux que cet autoportrait de Jeanne Hébuterne, la compagne de Modigliani et modèle de Foujita, pour illustrer cette Ecole de Paris, comme va l’appeler le critique d’art André Warnod en 1925. Cet art, produit à Montparnasse ou à la Ruche par de nombreux artistes étrangers pendant les Années Folles, est multiple et des créateurs aussi différents que Soutine et Foujita sont inclus dans cette appellation très pratique.
Autoportrait (1916) de Jeanne Hébuterne, présenté dans l’exposition « Le Paris des modernités », Petit Palais, Paris, 2023 (©Guy Boyer).
L’ère Picasso
De l’invention du cubisme avec Braque en 1907 à ses toiles ingresques des années 1920, Picasso traverse toute cette période des modernités à Paris. Pour évoquer son importance, un coin de pièce tendu d’un papier peint à rayures (comme dans son appartement de la rue La Boétie) accueille aussi bien son portrait d’Olga dans un fauteuil (1918) que ses collections d’art africain (avec deux masques Kpelié de Côte d’Ivoire) ou de toiles de ses amis (comme ce Portrait de Jeune fille d’André Derain).
De gauche à droite : L’Homme à la casquette (1895) et Portrait d’Olga dans un fauteuil (1918) de Pablo Picasso, Portrait de jeune fille (1914) d’André Derain et deux masques Kpelié, présentés dans l’exposition « Le Paris des modernités », Petit Palais, Paris, 2023 (©Guy Boyer) présentés dans l’exposition « Le Paris des modernités », Petit Palais, Paris, 2023 (©Guy Boyer).
Paris des spectacles
Toute l’exposition est traversée d’allusions aux spectacles donnés dans la capitale pendant ces deux décennies. Le Théâtre des Champs-Elysées est bien sûr mis à l’honneur puisque c’est là que les Ballets russes de Serge Diaghilev et les Ballets suédois de Rolf de Maré, puis La Revue nègre avec Joséphine Baker, jettent le trouble. Ici, deux spectacles sont évoqués : Cinésketch de Francis Picabia (1924) et La Création du monde de Fernand Léger (1922).
De gauche à droite : Man Ray, Marcel Duchamp et Bronia Perlmutter dans Cinésketch (1924) de Francis Picabia, maquette et études de costumers du décor du ballet La Création du monde (1922) de Fernand Léger, présentés dans l’exposition « Le Paris des modernités », Petit Palais, Paris, 2023 (©Guy Boyer).
L’Art Déco de 1925
L’Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes s’installe en 1925 des Champs-Elysées aux Invalides. Si l’Allemagne et les Etats-Unis sont absents, vingt-et-un pays sont représentés dans des pavillons vantant leur savoir-faire. Avec un luxe inouï, le Pavillon du collectionneur, où trône la Jeune fille à la cruche de Joseph Bernard, apparaît comme le lieu parfait pour les arts décoratifs aux motifs simplifiés et géométrisés. C’est la véritable naissance de l’Art Déco, qui s’épanouira partout dans les années suivantes.
De gauche à droite : Les Bouquets (1925) d’Edgar Brandt, La Danse et La Jeune fille à la cruche (1925) de Joseph Bernard, Le meuble au char (1921) de Jacques-Emile Ruhlmann et L’Equilibre (1925) de Max Blondat, présentés dans l’exposition « Le Paris des modernités », Petit Palais, Paris, 2023 (©Guy Boyer).
« Le Paris de la modernité »
Petit Palais
Avenue Winston Churchill, 75008 Paris
jusqu’au 14 avril 2024
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