Exposition à Paris : il était une fois la Renaissance italienne à la Bibliothèque nationale de France

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L’exposition « L’invention de la Renaissance » est surtout l’occasion de dévoiler le versant humaniste et livresque de la période allant du XIVe au XVIe siècle sur les pas de Pétrarque et des grands créateurs de la langue italienne. Montée par Jean-Marc Chatelain et Gennaro Toscano, l’exposition de la Bibliothèque nationale de France insiste sur « la culture des lettres » de l’Italie renaissante. À travers plus de 240 œuvres telles que des manuscrits, des estampes, des dessins, des livres imprimés, des sculptures… Le visiteur est plongé dans l’univers des humanistes de la Renaissance.

 

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Du studiolo à la bibliothèque princière

Le parcours est chronologique mais aussi thématique, débutant par une évocation du studiolo, un espace privé réservé à l’étude, comme ceux du pape Nicolas V au Vatican, de Federico de Montefeltro à Urbino ou d’Isabelle d’Este à Ferrare. L’occasion de rappeler la phrase de Sénèque : « Le repos sans l’étude est la mort : l’homme s’y enterre vif ». L’exposition évoque l’importance du livre et ses modèles antiques, la traduction des textes romains, et termine par l’influence italienne sur la bibliothèque royale française à Fontainebleau.

En haut à gauche : Portraits de Platon et d’Aristote pour le studiolo d’Urbino (vers 1474) de Juste de Gand et Pedro Berruguete, présentés dans l’exposition « L’invention de la Renaissance », Bibliothèque nationale de France, Paris, 2024 © Guy Boyer

En haut à gauche : Portraits de Platon et d’Aristote pour le studiolo d’Urbino (vers 1474) de Juste de Gand et Pedro Berruguete, présentés dans l’exposition « L’invention de la Renaissance », Bibliothèque nationale de France, Paris, 2024 © Guy Boyer

Revendications guerrières

En arpentant les six salles successives de l’exposition « L’invention de la Renaissance », on ne peut qu’être surpris par la richesse incroyable des collections de la Bibliothèque nationale de France en matière de manuscrits italiens de la Renaissance. Leur provenance est ancienne, comme l’explique Laurence Engel, la présidente de la BNF : « Les saisies effectuées à l’occasion des Guerres d’Italie, au titre des revendications dynastiques de Charles VIII sur le royaume de Naples et de Louis XII sur le duché de Milan, apportent un ensemble remarquable de manuscrits et de livres imprimés qui modifie le profil général de la bibliothèque royale : celle-ci s’ouvre à la modernité culturelle de l’humanisme italien ».

De Viris illustribus (1379) de Pétrarque enluminé par Altichiero da Zevio, présenté dans l’exposition « L’invention de la Renaissance », Bibliothèque nationale de France, Paris, 2024 © Guy Boyer

De Viris illustribus (1379) de Pétrarque enluminé par Altichiero da Zevio, présenté dans l’exposition « L’invention de la Renaissance », Bibliothèque nationale de France, Paris, 2024 © Guy Boyer

Livres de lettrés

L’exposition ne montre pas que des manuscrits et des œuvres de la Renaissance. Pour expliquer la diversité des sources des lettrés des XIVe et XVe siècle, elle présente des traductions de textes antiques et des livres très anciens comme cet incroyable manuscrit en deux volumes du début du XIIe siècle aux magnifiques lettres ornées. Il fut offert à Pétrarque par le poète Boccace en 1355 et est orné de 132 initiales. Il constitue l’un des points forts de la salle dédiée à Pétrarque, ce fils de notaire italien réfugié à la cour des papes à Avignon, passionné par les auteurs anciens comme Tite-Live dont il a réuni les fragments dispersés de son Histoire romaine.

Enarrationes in Psalmos (1100) de Saint-Augustin, présenté dans l’exposition « L’invention de la Renaissance », Bibliothèque nationale de France, Paris, 2024 © Guy Boyer

Enarrationes in Psalmos (1100) de Saint-Augustin, présenté dans l’exposition « L’invention de la Renaissance », Bibliothèque nationale de France, Paris, 2024 © Guy Boyer

Le goût pour l’antique

Le chapitre consacré à Poggio Bracciolini, qui va traquer dans toute l’Europe les manuscrits de Virgile, Cicéron et Vitruve, est passionnant car il prouve les efforts poursuivis à la Renaissance pour la transmission des savoirs et de la pensée de l’Antiquité. Ce goût pour l’antique se retrouve également dans la mise en page et les décorations des livres. Ici, par exemple, on voit comment les entrelacs du Moyen Âge laissent la place à des motifs Renaissance inspirés de l’Antique pour encadrer ce portrait de Laurent de Médicis.

Portrait de Laurent le Magnifique (vers 1521) de Boccardino il Vecchio, présenté dans l’exposition « L’invention de la Renaissance », Bibliothèque nationale de France, Paris, 2024 © Guy Boyer

Portrait de Laurent le Magnifique (vers 1521) de Boccardino il Vecchio, présenté dans l’exposition « L’invention de la Renaissance », Bibliothèque nationale de France, Paris, 2024 © Guy Boyer

Des œuvres d’art en contrepoint

Tout au long de l’exposition, des œuvres d’art ponctuent le parcours. Des putti ailés de Donatello, par exemple, répondent à ce visage d’une princesse sculptée dans le marbre par Francesco Laurana, un artiste actif à la cour des rois d’Aragon à Naples comme à celle du Roi René en Provence. Plusieurs profils, comme celui de Jules César par Desiderio da Settignano, rappellent les camées antiques ornant les collections des amateurs du Quattrocento et l’importance des médailles tout au long de cette période.

Portrait d’une princesse napolitaine (fin XVe siècle) de Francesco Laurana, présenté dans l’exposition « L’invention de la Renaissance », Bibliothèque nationale de France, Paris, 2024 © Guy Boyer

Portrait d’une princesse napolitaine (fin XVe siècle) de Francesco Laurana, présenté dans l’exposition « L’invention de la Renaissance », Bibliothèque nationale de France, Paris, 2024 © Guy Boyer

Dans la bibliothèque royale

Voici la plus ancienne copie du texte du botaniste Manfred de Monte Imperiale, reprenant les découvertes du botaniste grec Dioscoride et du médecin italien Platearius. Il s’agit d’un répertoire illustré des plantes médicinales, qui figurait au XVe siècle dans la librairie des ducs de Milan. Ce parchemin envahi par les volutes végétales fut saisi par Louis XII lors des Guerres d’Italie dans le Milanais.

De Herbis (vers 1340) de Manfred de Monte Imperiale, présenté dans l’exposition « L’invention de la Renaissance », Bibliothèque nationale de France, Paris, 2024 © Guy Boyer

De Herbis (vers 1340) de Manfred de Monte Imperiale, présenté dans l’exposition « L’invention de la Renaissance », Bibliothèque nationale de France, Paris, 2024 © Guy Boyer


« L’invention de la Renaissance. L’humaniste, le prince et l’artiste »
BnF – Richelieu, 5 Rue Vivienne, 75002 Paris
Jusqu’au 16 juin 2024.



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