L’exposition « Rebonds », montée par Sophie Webel, Déborah Lehot-Couette et Stanislas Ract-Madoux, propose une approche originale de l’œuvre de Jean Dubuffet en soulignant la récurrence de certains motifs dans toute sa carrière. Homme au chapeau, empreinte, étoile aplatie… Le parcours fonctionne comme une chasse au trésor, de dessin en peinture, de gravure en sculpture. Sur les trois étages de la Fondation Dubuffet, logée au fond de son allée du 137 rue de Grenelle, dans des espaces blancs tout juste restaurées, c’est le jeu Marabout-Bout de ficelle chez le père de l’Art brut !
Personnages au chapeau
Le parcours commence par une salle entièrement dédiée au motif du personnage au chapeau, accessoire que Dubuffet aimait porter (une photographie de Bill Brandt vers 1960 en témoigne). De son étonnant Double autoportrait au chapeau melon (1936) jusqu’au Site avec quatre personnages (1981) dominé par un homme au chapeau pointu, on peut traquer les chapeaux, bérets et autres bicornes présents dans les dessins, gravures et toiles de l’artiste même si celui-ci a tendance à préférer les figures glabres à partir des années 1970, période à laquelle il a commencé à se raser la tête.
Salle au chapeau avec, au centre, Tarabiscot (1973) de Jean Dubuffet, présenté dans l’exposition « Rebonds », Fondation Dubuffet, Paris, 2023 (©Guy Boyer).
Marabout-Bout de ficelle
C’est en observant les figures présentes dans la toile Le Torrent (1953) que les commissaires de l’exposition ont eu l’idée de ce parcours en forme de rebonds, de correspondances, permettant de passer d’une œuvre à l’autre à la recherche de motifs récurrents dans toute l’œuvre de Dubuffet. Au centre de cette toile verticale, une forme en étoile représente un caillou. Cette même forme, reconnaissable à ses six cercles adjacents, se retrouve huit ans plus tard dans Citroën 74-25-Y pour évoquer une voiture vue d’en haut avec ses quatre roues, son capot et son coffre. Elle figurait également dans Paysage sous-bois avec ses grattages dans la matière de l’œuvre en 1933.
À gauche : Le Torrent (1953) de Jean Dubuffet, présenté dans l’exposition « Rebonds », Fondation Dubuffet, Paris, 2023 (©Guy Boyer).
Allers-retours
Dans une lettre adressée à André Potvin en 1961, Jean Dubuffet évoque les allers-retours que l’on peut déceler dans le catalogue raisonné de son œuvre : « C’est par bordées que s’est toujours propulsé ma barquette et je sens une curiosité à survoler tout son sillage afin de bien voir où j’en suis ». Si la Fondation Dubuffet a déjà monté des expositions sur la récurrence du motif des vaches, des pisseurs ou des façades d’immeubles, c’est la première fois qu’elle étudie les personnages en rang d’oignons ou les profils caricaturaux.
À gauche : Le Bureau Veritas (1979) de Jean Dubuffet, présenté dans l’exposition « Rebonds », Fondation Dubuffet, Paris, 2023 (©Guy Boyer).
Agrégat de figures
Les figures debout peuvent apparaître comme des totems sans têtes (Cinq monuments) aussi bien que comme des agrégats de personnages évoquant des foules d’individus anonymes. Les visages sont quelquefois fortement individualisés avec leurs nez tordus et leurs sourires grimaçants. Souvent, il s’agit de silhouettes monolithes comme des menhirs ou dégingandées comme dans cette Scène lunatique avec cinq personnages (à droite).
À gauche : La Colline boisée (1977) de Jean Dubuffet, présentée dans l’exposition « Rebonds », Fondation Dubuffet, Paris, 2023 (©Guy Boyer).
L’affaire Renault
Les titres de certaines œuvres de Jean Dubuffet sont pleins d’humour, un humour parfois grinçant. Ainsi de cette série de toiles rappelant l’affaire du Salon d’été, commandé par Renault dans les années 1970. Le projet de cette vaste sculpture en polystyrène a été abandonné à la demande de l’entreprise de construction automobile et, amer, Jean Dubuffet a représenté aussi bien l’architecte Pierre Vigneron que les juges par des personnages comiques, étriqués dans leurs attitudes aussi bien que dans leurs idées. Un conflit qui a duré huit ans et vu l’artiste gagner face à Renault (Dubuffet, au final, va interdire la réalisation de l’œuvre en estimant que Renault ne la méritait pas).
Tribunal prononçant qu’il est loisible de détruire les monuments su l’on sauvegarde leurs maquettes estimées légitimement moins encombrantes (19677) de Jean Dubuffet, présenté dans l’exposition « Rebonds », Fondation Dubuffet, Paris, 2023 (©Guy Boyer).
Une collection exceptionnelle
Hormis une œuvre prêtée par deux collectionneurs privés, toute l’exposition provient du fonds exceptionnel de la Fondation Dubuffet conservé à Paris ou à la Villa Falbala dans le Val-de-Marne. « Rebonds » permet de revoir ces pièces de haut niveau comme Desnudus (1945), Nappe de deuil (1952) ou La Chasse au biscorne (1963) et de constater la qualité des transformations de la Fondation avec sa nouvelle documentation installée dans un atelier mitoyen.
Table corail (1953) de Jean Dubuffet, présentée dans l’exposition « Rebonds », Fondation Dubuffet, Paris, 2023 (©Guy Boyer).
« Rebonds »
Fondation Dubuffet
137 rue de Grenelle, Paris
Jusqu’au 16 février
La chronique a été générée aussi sérieusement que possible. Dans la mesure où vous désirez mettre à disposition des renseignements supplémentaires à cet article sur le sujet « Découverte de paris » vous pouvez utiliser les contacts affichés sur notre site web. Le but de aquarelleparis.fr est de débattre de Découverte de paris dans la transparence en vous donnant la visibilité de tout ce qui est mis en ligne sur ce thème sur le net Cet article, qui traite du thème « Découverte de paris », vous est volontairement proposé par aquarelleparis.fr. Connectez-vous sur notre site internet aquarelleparis.fr et nos réseaux sociaux pour être informé des prochaines publications.