NOS BALADES AUTOUR DE PARIS — À l’époque où Paris avait un ventre, les pavillons des Halles, avec leur structure métallique, furent le chef-d’œuvre de l’architecte. Promenade à la recherche des vestiges et des héritiers de ce bâtisseur éclectique.

En cette année où l’on célèbre à Paris les 220 ans de la naissance de Victor Baltard (1805-1874), nous partons sur ses traces. Né dans une famille d’artistes, le jeune Victor étudie à Henri-IV puis aux Beaux-Arts avant d’embrasser, comme son père, la carrière d’architecte. Grand Prix de Rome en 1833, il passe cinq ans à la Villa Médicis avant d’occuper la fonction d’inspecteur des Beaux-Arts la Ville de Paris, où il sera garant des chantiers décoratifs des églises de la capitale. On lui doit ainsi la création du buffet d’orgue, achevé en 1854, de l’église Saint-Eustache, pour remplacer celui détruit par un incendie en 1844. Il signe ensuite sa première réalisation architecturale, à deux pas de la Bourse, point de départ de notre balade. Difficile, en voyant cette façade néoclassique de l’hôtel du Timbre, en cours de rénovation, d’imaginer que l’homme derrière ce bâtiment administratif va aussi signer les Halles centrales de Paris, qui inscriront son patronyme dans l’histoire. Un peu plus loin, on découvre la coupole de l’église Saint-Augustin pointant à travers les arbres du square Marcel-Pagnol. Seul le lanternon en métal qui la coiffe rappelle l’importance de ce matériau pour le bâtisseur au style éclectique. Afin de réussir l’exploit de construire cet édifice d’inspiration romano-byzantine sans arcs-boutants sur une parcelle étroite, l’architecte a eu recours à une structure métallique, l’une de ses signatures. Elle se dévoile à l’intérieur, riche en volutes et ornements.

Il faut ensuite filer à Nogent-sur-Marne pour prendre la mesure du style Baltard, fait de verre et de fer, qui fera tant d’émules. Dès la sortie du RER A, sur l’avenue de Joinville, nombre de commerces portent son nom. Une fierté pour cette commune du Val-de-Marne, qui abrite depuis 1976 le seul pavillon rescapé de la destruction des Halles de Paris, en 1971. Il en jette avec ses grandes verrières courbes et ses murets de briques claires et foncées. Seul regret : le monument historique n’est pas accessible, sauf lors de rares événements. Avant d’aboutir à ce modèle du genre, l’homme de l’art a dû revoir sa copie. Massif, son premier pavillon, érigé en 1853, masquait le métal derrière d’épais murs de pierre. Décrié et surnommé le « fort de la Halle » par les Parisiens, il déplut vivement à Napoléon III, qui ordonna sa destruction. L’empereur souhaitait un projet moderne, où le métal serait roi. Le second essai, soutenu par Haussmann, fut le bon et en quelques années les dix bâtiments emblématiques du « ventre de Paris » sortirent de terre puis essaimèrent. Le marché Secrétan, réalisé par Louis-Adolphe Janvier en 1868, s’en inspire directement. Ce dernier avait aussi construit les abattoirs de la Villette d’après les plans de Baltard, alors directeur du service d’architecture de la Ville. Vestige de cet ensemble XXL du 19^e arrondissement, la Grande Halle n’a rien perdu de sa superbe. À quelques encablures, les Pompes funèbres générales, où se déploie aujourd’hui le Centquatre, ont aussi été édifiées à partir d’un dessin de Baltard, décédé juste avant que le chantier ne soit terminé, en 1874.

Y ALLER RER A, arrêt Nogent-sur-Marne.
VISITER Pavillon Baltard, 12, avenue Victor-Hugo, 94 Nogent-sur-Marne ; Hôtel du Timbre, 9, rue de la Banque, 75002 ; Église Saint-Augustin (lun.-ven., 8h30-19h, sam., 9h-12h30-14h30-19h30, dim., 8h30-19h), place Saint-Augustin, 75009 ; Grande Halle de la Villette, 211, avenue Jean-Jaurès, 75019 ; Centquatre (mar.-ven., 12h-19h, sam.-dim., 11h-19h), 5, rue Curial, 75019 ; La Halle Secrétan (29, av. Secrétan), 75019.
MANGER
Giacomo, 7 bis, avenue de Joinville, 94 Nogent-sur-Marne. Bonnes pizzas au levain, à partir de 13,50 €, terrasse, 01 48 76 79 03.

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