C’est une exposition-événement qui débute ce vendredi au musée des Beaux-Arts d’Orléans. « Max Jacob, vues de Paris » : c’est le titre de cette exposition qui rassemble une quarantaine de peintures et de dessins réalisés par l’artiste et représentant des monuments et des scènes de la vie parisienne. Car si Max Jacob a beaucoup vécu à St-Benoit-sur-Loire – c’est même là qu’il y est enterré – il a aussi passé une grande partie de sa vie à Paris. L’exposition s’inscrit dans la commémoration des 80 ans du décès de l’artiste, mort d’épuisement au camp de Drancy en 1944, après avoir été arrêté par la Gestapo, en tant qu’homosexuel juif et malgré sa conversion au catholicisme.
« Nous voulions participer à cet anniversaire des 80 ans de sa disparition en rappelant que Max Jacob a aussi été peintre, et qu’il n’a pas vécu de sa poésie mais bien de sa peinture, explique Mehdi Korchane, co-commissaire de l’exposition et responsable des arts graphiques des musées d’Orléans. Et autant les scènes de la vie bretonne et les dessins sur le thème de la Passion du Christ sont bien connues dans l’œuvre de Max Jacob, autant les vues de Paris n’avaient jamais été explorées. » Certains des tableaux, issus de collections privées, sont d’ailleurs présentés au public pour la première fois à l’occasion de cette exposition.
Des gouaches, des pastels, des dessins en utilisant parfois des ingrédients étonnants comme de la cendre de cigarette et du café, Max Jacob a beaucoup représenté les rues et les monuments de Paris. Pour des commandes, le plus souvent, mais cela témoigne aussi du rapport ambivalent qu’il avait avec la capitale. « Paris est à la fois pour lui la ville-lumière et la ville de perdition, résume Mehdi Korchane. C’est là qu’il a noué ses amitiés les plus fécondes, à commencer par celle avec Picasso, ils partagent le même logement à Montmartre de 1903 à 1904. Mais Max Jacob s’est aussi beaucoup abimé dans les soirées parisiennes et ses excès – l’absinthe, l’alcool – c’est une ville qui l’a épuisé. » C’est pour fuir ces excès qu’il s’installe à St-Benoît-sur-Loire, de 1921 à 1928, puis définitivement à partir de 1936.
C’est donc le Paris du début du XXe siècle que Max Jacob donne ainsi à voir : Montmartre, l’Opéra, les Tuileries, le canal St Martin, le bois de Boulogne et surtout la cathédrale Notre-Dame. « Max Jacob avait une véritable fascination pour Notre-Dame, souligne Mehdi Korchane. Il avait développé toute une théorie sur le nombre d’or dans l’art de la composition, et il voyait dans la façade de Notre-Dame le parfait modèle d’application du nombre d’or. » Max Jacob peignait très peu sur le vif, mais s’inspirait de cartes postales en noir et blanc : quelques-unes sont présentées en vis-à-vis des œuvres, suggérant l’énorme travail qu’il déployait pour imaginer les couleurs et les lumières – on en a un exemple ci-dessous :
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L’exposition est à découvrir au musée des Beaux-Arts d’Orléans, du 11 octobre 2024 au 2 février 2025. L’entretien en longueur avec le co-commissaire de l’exposition est à écouter ci-dessous :
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