Depuis le 18e siècle, la franc-maçonnerie façonne discrètement les contours de la vie parisienne. Entre loges cachées, personnalités engagées et symboles gravés sur les façades, Paris est une capitale maçonnique. Partez sur les traces des francs-maçons, pour lire entre les pierres et découvrir ce Paris initiatique.
À Paris, il suffit parfois de lever les yeux pour apercevoir des symboles que l’on croit réservés aux romans ésotériques. Une équerre ici, un compas là, une étoile mystérieuse oubliée sur une façade… Derrière ces détails architecturaux se cache une histoire parallèle, discrète mais profondément ancrée dans la capitale : celle des francs-maçons.
Depuis près de trois siècles, la franc-maçonnerie façonne l’histoire intellectuelle, politique et architecturale de Paris. Invisible pour certains, omniprésente pour d’autres, elle s’exprime à travers des loges cachées, des tombeaux ornés de symboles énigmatiques et des monuments publics qui dissimulent plus qu’ils ne révèlent.
Ce parcours sur les traces des francs-maçons dans la Ville Lumière est une invitation à décrypter un patrimoine souvent méconnu, à travers les traces laissées par les bâtisseurs d’un idéal humaniste et républicain.
Naissance en Grande-Bretagne et arrivée en France
Mais avant cela, il faut comprendre l’origine de la franc-maçonnerie, son évolution à travers les époques, ses principes et son enracinement dans l’histoire de Paris. La franc-maçonnerie moderne puise ses racines en Grande-Bretagne au début du 18e siècle, notamment avec la fondation de la Grande Loge de Londres en 1717.
En France, elle s’installe dans le sillage des Lumières et se développe dès les années 1720-1730. La première Grande Loge française voit le jour en 1728 avant que n’émerge le Grand Orient de France en 1773, qui adopte une orientation engagée, républicaine et humaniste.
Une influence intellectuelle et politique à Paris
Les principes de la franc-maçonnerie (la liberté de conscience, la fraternité, la quête symbolique) séduisent rapidement les élites intellectuelles, politiques et artistiques parisiennes où la franc-maçonnerie prend vite racine. En 1732, une loge est fondée dans un cabaret de la rue de Buci par le duc d’Aumont, marquant un jalon important de son implantation locale.
Au fil des siècles, la maçonnerie parisienne participe aux grands débats : elle s’engage dans les réformes, défend la laïcité et soutient la République. Le Grand Orient de France joue un rôle politique notable au 19e siècle et jusqu’au 20e siècle, notamment lors du vote de la loi de 1905 sur la séparation des Églises et de l’État.
Des figures maçonniques emblématiques
De nombreuses personnalités parisiennes ont été francs-maçonnes. Parmi elles, Émile Zola, Léon Gambetta et Pierre Brossolette dont les tombes figurent aujourd’hui au Panthéon. On prête également cette appartenance à Rouget de Lisle, l’auteur de La Marseillaise, liant la maçonnerie à la Révolution française.
En 1871, lors de la Commune de Paris, des francs-maçons parisiens organisent une marche pacifique vers les fortifications de la Porte Maillot, arborant leurs bannières pour demander la fin des combats.
Les loges maçonniques, des portes entrouvertes sur un monde discret
Le siège du Grand Orient de France, le principal courant maçonnique français, se trouve rue Cadet, dans le 9e arrondissement. Dans cet hôtel particulier se trouve aussi le musée de la franc-maçonnerie, ouvert au public. On y découvre des archives, des objets symboliques, des tenues rituelles et une plongée rare dans l’univers maçonnique.
Si la plupart des temples maçonniques parisiens ne se visitent pas, certains ouvrent leurs portes ponctuellement, notamment lors des Journées européennes du patrimoine.
Les traces de la franc-maçonnerie dans les rues de Paris :
Equerres, compas, colonnes, delta lumineux, œil, frises, motifs géométriques… Des symboles maçonniques discrètement gravés trahissent un langage symbolique ancestral dans les rues et sur les monuments de la capitale.
S’il n’existe pas toujours de documents public ou de relevés rigoureux décrivant exactement l’emplacement de chaque symbole maçonnique à Paris (beaucoup relevant de l’observation affutée de certains guides et de lectures symboliques), il est toutefois possible de parcourir la Ville Lumière dans les pas des francs-maçons, à travers des lieux reconnus et souvent cités par les passionnés et les travaux historiques.
Les symboles maçonniques à Saint‑Germain‑des‑Prés et au Palais Bourbon
Dans les quartiers de Saint-Germain-des-Prés et du Palais Bourbon qui héberge l’Assemblée Nationale, certaines façades révèlent des signes discrets mais évocateurs, et plusieurs façades sont régulièrement mentionnées pour leur ornementation à signification maçonnique. Au 12 rue de Buci (6ᵉ arr.), une étoile « flamboyante” au-dessus d’une porte indique l’emplacement présumé de la première loge parisienne, la loge Saint‑Thomas.
Au 117 boulevard Saint‑Germain (6ᵉ arr.), siège du Cercle de la librairie, on note la présence d’un « niveau » et d’une ruche stylisée (souvent interprétés comme symboles maçonniques) associés à un glaive. Ce décor s’inscrit dans une tradition ornementale où se mêlent symbolisme et motifs décoratifs classiques. Au 244 boulevard Saint‑Germain (ancien hôtel de Roquelaure, devenu siège du Ministère de la Transition écologique ; 7ᵉ arr.), certains éléments décoratifs – reliefs géométriques, entrelacs, motifs classiques – sont réputés être l’un des témoins de cette influence discrète.
En traversant vers le Palais Bourbon, dans les rues adjacentes, certains balades dédiées aux francs‑maçons évoquent des linteaux, des pilastres et des frises à motifs triangulaires, losangés ou à croisillons qu’on pourrait interpréter comme des allusions au compas et à l’équerre, deux symboles majeurs de la franc-maçonnerie. Ces indices sont plus diffus que localisés : l’idée est de scruter les façades des hôtels particuliers, des immeubles du 19ᵉ siècle ainsi que les frontons sculptés qui bordent les voies autour de l’Assemblée nationale.
La frise murale « maçonnique » du square Paul Langevin
Le square Paul Langevin (5ᵉ arr.) est souvent cité comme un lieu où une frise murale est interprétée comme maçonnique. On parle d’un décor continu sur un mur du jardin qui présente des motifs géométriques en alternance (carrés, triangles, motifs en chevrons et guillochis) susceptibles d’évoquer des symboles d’ordre, de régularité, d’alignement. Cette frise s’offre comme un motif “à lire” si l’on connaît le langage symbolique. Elle est souvent désignée comme une frise “maçonnique”, mais attention, le terme résulte souvent d’une interprétation symbolique.
Les symboles maçonniques sur les tombes du Père Lachaise et du cimetière du Montparnasse
Les cimetières parisiens sont aussi riches en indices. Au Père-Lachaise comme à Montparnasse, plusieurs tombes arborent des symboles maçonniques, témoignant d’une appartenance revendiquée. Le cimetière du Père Lachaise (20ᵉ arr.) est l’un des terrains les plus documentés pour les symboles maçonniques sur tombes. Plusieurs sépultures célèbres exhibent ainsi des éléments reconnaissables, à l’image de la tombe de l’astronome François Arago sur laquelle on observe compas, équerre, étoiles à cinq branches et inscriptions cryptiques.
D’autres tombes affichent des équerres et compas gravés, des étoiles à cinq branches, des branches d’acacia, des motifs de feuilles de chêne et des inscriptions chiffrées ou symboliques. On raconte qu’il y a environ 400 francs‑maçons, célèbres ou anonymes, enterrés au Père Lachaise. Leurs tombes sont souvent repérables par la combinaison de ces motifs symboliques ou par la disposition de la stèle funéraire en forme d’obélisque, de pyramide ou de pierre triangulaire. Toutefois, il est important de remarquer que toutes les décorations funéraires du 19ᵉ et 20ᵉ siècle ne sont pas nécessairement maçonniques, beaucoup appartenant simplement au vocabulaire général de l’architecture funéraire.
Chaque année, le Grand Orient rend néanmoins hommage aux francs-maçons morts pendant la Commune devant le mur des Fédérés, au cimetière du Père-Lachaise.
Le cimetière du Montparnasse (14ᵉ arr.) est moins documenté que Père Lachaise du point de vue maçonnique, mais des observateurs mentionnent la présence de personnalités ayant été francs‑maçonnes et de symboles discrets sur certaines tombes.
Les symboles maçonniques dans la crypte du Panthéon
La crypte du Panthéon (5ᵉ arr.), où reposent Zola, Gambetta et Brossolette, est un haut lieu mémorial qui prolonge la présence maçonnique jusque dans la pierre. Mais avant tout panthéonique (avec une architecture solennelle, des voûtes, des dalles et des inscriptions commémoratives), le Panthéon n’a pas de décor maçonnique ostentatoire et officiel. Ce qui est mis en avant ici est la présence des tombes de personnalités maçonniques, sans que des symboles rituels soient affichés dans la crypte elle-même.
Les symboles maçonniques sur les façades du Louvre
On peut également mentionner le Louvre (1ᵉ arr.) et ses façades aux ornements (frontons sculptés, tympans, frises de bas-reliefs, entrelacs, géométries ornementales, colonnes stylisées) parfois interprétés comme maçonniques ou inspirés du vocabulaire symbolique maçonnique, en particulier les sculptures et les motifs triangulaires, losangés et géométriques sur les façades orientées vers les cours intérieures et sur les frontons principaux et latéraux.
Toutefois, les historiens de l’art ne confirment pas systématiquement que ces motifs soient intentionnellement maçonniques, beaucoup relevant du langage architectural classique. A quelques pas de là, à l’extrémité orientale du quai de Malaquais (6ᵉ arr.), la statue La République, sculptée par Jean-François Soitoux en 1848, reprend plusieurs symboles maçonniques comme la ruche au pied de la statue, le glaive, le niveau et la couronne triomphale fermée par une étoile.
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