À Notre-Dame de Paris, le retour des apôtres de la flèche, sauvés in extremis de l’incendie

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REPORTAGE – Les seize statues de cuivre avaient été déposées pour restauration seulement quatre jours avant le sinistre. Saint Paul a déjà retrouvé sa place lundi dans le ciel parisien.

Dans le tintement des cloches et la lumière dorée d’un soir d’été, la silhouette de saint Paul lévite au-dessus de Notre-Dame de Paris. Lundi 23 juin, la statue de l’apôtre au glaive a retrouvé sa place sur la base de la flèche du chef-d’œuvre gothique du XIIe siècle. Quinze autres statues sont alignées en silence sur une plateforme d’échafaudage à l’arrière du chevet, au sein de la « base-vie » du chantier, et seront installées dans les jours à venir.

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À l’aide d’une grue, la statue de cuivre brun est délicatement hissée dans les airs, maintenue par un jeu de sangles qui trahissent à peine son poids : 140 kilos. À plus de quarante mètres de haut, l’apôtre oscille légèrement dans le vide avant d’être déposée dans l’angle sud-est de la flèche, qui avait été totalement détruite par les flammes le 15 avril 2019.

Quatre jours avant l’incendie, les seize statues représentant les douze apôtres et les figures des quatre évangélistes (le lion, l’aigle, l’ange et le taureau) avaient été déposées pour être restaurées. « Nous rendons grâce à Dieu en ce moment », lance l’archevêque de Paris Laurent Ulrich, quelques minutes avant le levage de la statue. « Ce retour marque un moment d’émotion profonde dans la reconstruction, confie de son côté Philippe Jost, président de l’Établissement public chargé de la restauration. La cathédrale sort plus belle que jamais, et nous aussi, nous sortons grandis de ce défi. »

L’archevêque Laurent Ulrich bénit la statue de l’apôtre Saint-Paul avant son levage. GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP

Des statues imaginées par Viollet-le-Duc

Les statues de 3,40 mètres, conçues en 1857 par Viollet-le-Duc et le sculpteur Geoffroy-Dechaume, avaient été altérées par le temps, virant au vert sous l’effet de l’oxydation. Restaurées en Dordogne entre 2019 et 2021, elles ont retrouvé leur teinte brune d’origine, obtenue notamment avec des noyaux d’abricot malaxés. « Elles étaient brunes, pour se détacher de la couverture claire de l’époque. Ironie de l’histoire, on a vu qu’à partir du XXsiècle les statues sont devenues claires devant une toiture foncée. Nous avons respecté le matériau et l’esprit d’origine de Viollet-le-Duc », explique Laurent Roturier, directeur de la direction régionale des affaires culturelles d’Île-de-France, maître d’ouvrage historique de leur restauration.

Une fois restaurées, les seize statues sont arrivées progressivement à la Cité de l’architecture et du patrimoine dans le XVIe arrondissement de Paris, entre septembre 2020 et juin 2021. À partir d’avril 2025, les statues ont été préparées au sein de la « base-vie » du chantier, abritant les entreprises, Le Bras Frères, Balas, Le Ny et UTB.

Les seize statues, installées à l’arrière du chevet de la cathédrale, attendant leur ascension sur plusieurs lignes d’échafaudages avant leur mise en place définitive. GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP

Pourquoi saint Paul ?

Le choix de replacer saint Paul en premier est dû au calendrier. Les équipes de la cathédrale avaient proposé de privilégier l’un des deux grands apôtres de l’Église, Pierre ou Paul, dont la fête est célébrée le 29 juin. Une autre candidate, plus symbolique, aurait pu être envisagée : celle de saint Thomas, à qui le sculpteur a donné les traits d’Eugène Viollet-le-Duc. « C’est toute la modestie d’Eugène Viollet-le-Duc », ironise Laurent Roturier

La restauration des statues a été entièrement financée par des dons privés, récoltés par de la Fondation Notre-Dame. La facture s’élève à environ 1,4 million d’euros, « dont 85% ont été réunis par la Fondation Notre-Dame et 15 % par la structure américaine Friends of Notre-Dame », explique Robert Leblanc, vice-président de la Fondation Notre-Dame.

D’autres chantiers attendent l’édifice. Le chevet, le presbytère, les aménagements intérieurs figurent sur la liste de Robert Leblanc. Mais aussi le très polémique remplacement des vitraux de certaines chapelles par des créations contemporaines, un projet porté par l’Élysée. « Notre-Dame a encore besoin de nous, et je ne doute pas que nous serons au rendez-vous », conclut Philippe Jost.

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